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Sermon de S. Exc. R. Mgr Schneider,
Evêque auxiliaire de Karaganda
Loué soit Jésus Christ !
Mes bien chers frères et sœurs en Jésus Christ,
Nous célébrons ce saint sacrifice de la messe dans un lieu particulièrement saint, dans cette basilique de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Cette sainte est proche de tant de gens à travers le monde. Depuis sa mort elle opère continuellement des miracles, car elle fait pleuvoir sur les âmes tant de roses de grâce divine. Les plus grands de ces miracles se sont produits dans le secret, et ils ont eu pour effet de voir revenir à Dieu tellement d’âmes. Nous connaissons bien la touchante histoire de l’assassin Pranzini qui, juste avant son exécution, s’est tourné vers le Christ en croix et a baisé le crucifix, tel le bon larron. C’était là, en quelque sorte, le premier fruit du zèle que la petite Thérèse portait aux âmes. Dès sa petite enfance Thérèse découvrit la vérité fondamentale de la foi chrétienne, à savoir que Dieu aime ce qui est faible, ce qui est petit, ce qui est humble, et qu’Il veut à travers cela accomplir les grandes œuvres de Sa grâce. En cela réside la règle d’or de la Nouvelle Alliance, de l’Eglise, de la vie chrétienne, de la vie apostolique et par dessus tout de la vie d’un missionnaire et d’un prêtre.
Mais la pluie de roses de la petite Thérèse occasionna surtout un apostolat fructueux chez les prêtres et les missionnaires. Les prêtres et les missionnaires qui honorèrent cette petite sainte, purent amener au Christ des cohortes d’incroyants et de pécheurs, et cela d’une manière admirable. Et tout cela n’était pas le fait d’hommes, mais l’action de Dieu à travers l’intercession de celle que l’Eglise a proclamée Patronne des missions.
La pluie de roses de sainte Thérèse eut aussi pour effet l’éveil et l’épanouissement de nombreuses vocations pour la vie consacrée et la prêtrise. Combien de séminaristes et de prêtres ont trouvé le chemin de la sainteté en priant cette sainte et en empruntant ce chemin sûr de l’enfance spirituelle.
Que peut nous enseigner la petite Thérèse aujourd’hui, en ces temps de crise spirituelle que traverse l’humanité ainsi que l’Eglise ? Elle nous enseigne à nouveau à éprouver un souci pressant, une soif ardente de sauver les âmes, ces âmes immortelles. « Sauver les âmes ! » - voilà ce qui doit être l’idée maîtresse, le désir permanent et vivant de tout croyant, et encore bien plus de tout prêtre. Cet ardent désir de sauver les âmes, un prêtre l’appliquera efficacement, s’il l’a ressenti lors de son appel, au moment de son premier amour pour le Christ. Aimer le Christ et Le suivre contient en soi le désir profond de sauver les âmes. Ce feu, le séminariste doit demander chaque jour à Dieu de l’entretenir avec Sa grâce pour qu’il se renforce. Un prêtre doit en effet être plein de zèle pour les âmes, sinon il n’est pas un vrai prêtre du Christ. Jésus, l’Eternel Grand prêtre, a toujours porté en lui ce feu du salut des âmes. (Lc. 12,49).
Il est primordial que dans l’Eglise les pasteurs, évêques et prêtres soient enflammés du désir de sauver les âmes. Dès que ce feu diminue dans les cœurs des séminaristes, des prêtres et des évêques, l’Eglise se refroidit, la foi et la vision surnaturelle s’assombrissent, l’amour se refroidit, toutes choses contre lesquelles notre Sauveur nous a mis en garde (Mt. 24, 12). Et cela se produit lorsque dans la vie de l’Eglise et de celle des prêtres prédomine le souci de l’avantage personnel, lorsqu’est mis en avant ce qu’on appelle le « social », lorsqu’on se préoccupe surtout des biens terrestres et temporels, lorsque l’homme et les activités extérieures prennent le pas sur les œuvres de la grâce, lorsque dans la liturgie on accorde plus d’importance aux hommes qu’au Christ Lui-même. La vertu divine de l’amour se concrétise avant tout dans le profond désir de donner toujours à Jésus en tout, y compris dans les plus petits détails, la première place, et puis aussi dans le profond désir de sauver les âmes. Le cœur de l’Eglise doit brûler d’amour pour le salut des âmes. C’est ce que nous enseigne la petite Thérèse : « J’ai compris, dit-elle, que l’Eglise a un cœur et que ce cœur brûle d’amour. J’ai compris que seul l’amour permet aux membres de l’Eglise d’agir, que les apôtres n’annonceraient plus l’évangile et que les martyrs refuseraient de verser leur sang, si l’amour venait à s’éteindre. J’ai compris que l’amour comprend toutes les vocations, que l’amour est tout, qu’il englobe tous les temps et tous les lieux, en un mot qu’il est éternel ! Alors je me suis écriée dans mon exaltation : Jésus, mon amour, j’ai enfin trouvé ma vocation : ma vocation c’est l’amour » (Second manuscrit autobiographique, 3v/4r). Plus loin la sainte disait : « C’est seulement par la prière et l’offrande que nous pouvons être utiles à l’Eglise » (Derniers entretiens, 247/8.7.16). Dans ses poèmes elle nous a laissé cette supplique enflammée à Jésus qui est l’un des plus beaux et des plus bouleversants témoignages de son amour pour le salut des âmes : « Jésus, glorifie Ton Eglise immortelle. Ne reste pas sourd à mes pressants appels, ô Jésus. Moi, ton enfant, je m’offre pour elle. Je vis d’amour » (Les poésies, 17,10).
Nous aimerions nous laisser contaminer par ce feu de la petite Thérèse pour le salut des âmes. Nous voudrions la prier instamment de faire pleuvoir des roses, des roses de grâce, afin que dans les cœurs de plus en plus de prêtres, de séminaristes, de religieuses, de fidèles, de pères et de mères de famille, jusque dans les cœurs des enfants le feu du salut des âmes soit allumé et brûle ardemment. C’est seulement cela qui renouvellera la face de la terre, c’est cela qui apportera le vrai printemps de l’Eglise après presque un demi siècle de désert et d’hiver spirituels. Que le salut des âmes prenne constamment possession de nos pensées et de nos actions. Notre petite sainte disait : « Travailler pour le salut des âmes. C’est dans ce but que je suis devenue carmélite. Comme je n’ai pas pu devenir une missionnaire active, j’ai voulu être missionnaire par amour et pénitence comme sainte Thérèse, ma mère séraphique » (Lettre 189 du 23 juin 1896).
Chers prêtres, chers séminaristes qui êtes ici présents, priez sainte Thérèse de l’Enfant Jésus de vous obtenir cet ardent désir du salut des âmes. Vous, jeunes gens et garçons, qui êtes ici présents, n’ayez pas peur de devenir des apôtres de Jésus s’il vous appelle. N’ayez pas peur de dire à Jésus : Ô Jésus, si Tu veux, appelle-moi à devenir Ton apôtre, pour que je puisse sauver des âmes, beaucoup d’âmes, pour Toi, ô Jésus. Choisissez la petite Thérèse comme patronne de votre vocation, comme patronne de vos travaux apostoliques, comme patronne de votre amour apostolique, de votre grand amour pour le Christ. Elle vous formera, afin que vous deveniez de bons et saints apôtres de notre temps. Elle a dit un jour : « Notre devoir en tant que carmélites consiste à contribuer à la formation des travailleurs de l’évangile qui vont sauver une multitude d’âmes et dont nous serons les mères » (Lettre 135). Elle disait encore : « Qu’elle est belle la vocation qui a pour but de conserver le sel destiné aux âmes ! Car le seul et unique but de nos prières et de nos sacrifices consiste à être apôtres des apôtres et de prier pour eux » (Manuscrits autobiographiques A, 56r).
Chers prêtres, chers séminaristes, chers jeunes gens qui voulez devenir prêtres, choisissez cette sainte pour votre patronne, afin que vous soyez de bons et saints apôtres. Qu’elle nous obtienne à nous tous cette grâce, ce désir, cet empressement à vouloir donner mille vies pour sauver une seule âme (cf. lettre 198 du 21 octobre 1896). Nous savons que notre sainte avait accompagné spirituellement deux prêtres missionnaires, et cela de façon particulière, et qu’elle s’était offerte pour eux. Dans sa lettre à l’abbé Bellière, un missionnaire d’Afrique, Thérèse de Lisieux écrivait : « Travaillons ensemble pour le salut des âmes. Nous n’avons que cet unique jour de la vie pour sauver les âmes et ainsi fournir au Seigneur les preuves de notre amour. Le jour suivant ce sera l’éternité, et alors Jésus vous rendra au centuple les joies profondes et justifiées que vous Lui aurez offertes » (Lettre 213 du 26 décembre 1896). Quelle belle parole, quelle parole remplie d’espérance que celle-ci : Travailler ensemble pour le salut des âmes. Peut-il y avoir quelque chose de plus grand, de plus noble, de plus heureux sur cette terre ? Sûrement pas. Chers prêtres, chers séminaristes, chers jeunes gens qui pensez à une vocation sacerdotale, n’ayez pas peur d’être des apôtres zélés au service des âmes. N’ayez pas peur de votre faiblesse, écoutez l’enseignement de notre petite sainte et imitez-la. Elle écrivait à l’abbé Bellière : « Dieu utilise précisément ma faiblesse pour réaliser Son œuvre. Car le Dieu fort aime à montrer Sa puissance en Se servant du néant (cf. 1 Cor, 27-29) » (Lettre 220 du 24 février 1897).
Ce qui est important dans notre vie, dans ce seul et unique jour que nous vivons ici-bas, ainsi que le formulait la petite Thérèse, c’est bien ceci : « Ah, ce que nous demandons à Dieu c’est ceci : travailler pour Sa gloire, L’aimer et apprendre aux autres à L’aimer ». Elle disait encore : « Si au ciel je ne pouvais plus travailler à la gloire de Dieu, je préfèrerais l’exil sur cette terre à la patrie du ciel ». « L’amour pur pour Jésus, pour le salut des âmes, est pour l’Eglise d’un bien plus grand profit que toutes les œuvres réunies », écrivait-elle au missionnaire de Chine, le Père Roulland (cf. lettre 221 du 19 mars 1897).
Chers frères et sœurs, chers prêtres, chers séminaristes, chères religieuses, avec Thérèse de Lisieux nous sommes convaincus que les joies que le monde cherche dans les plaisirs n’est qu’une ombre passagère. Notre joie en revanche, dégustée dans le labeur et les souffrances pour le salut des âmes, est une douce réalité, un avant-goût de la félicité céleste. En sommes-nous capables ? Avec la grâce de Dieu, en union avec notre Seigneur eucharistique, car Il est là pour nous, comme nous l’enseigne notre petite sainte : « Ce n’est pas pour rester dans le calice d’or que Jésus descend chaque jour du ciel, mais bien pour trouver un autre ciel qui Lui est bien plus cher que le premier, à savoir le ciel de notre âme, créée à Son image, le temple vivant du Dieu Trine ! » (Manuscrits autobiographiques À, 48v).
Amen