Tro Breiz
Gaële de La
Brosse publie un ouvrage sur Le Tro Breiz, ou « tour de
Bretagne », le pèlerinage circulaire qui consiste à
visiter les Sept Saints en leurs évêchés. Extraits.
Le Tro Breiz,
ou « tour de Bretagne », désigne le pèlerinage
circulaire qui consiste à visiter les Sept Saints en
leurs évêchés : Corentin à Quimper, Paul Aurélien à
Saint-Pol-de-Léon, Tugdual à Tréguier, Brieuc à
Saint-Brieuc, Malo à Saint-Malo, Samson à
Dol-de-Bretagne, Patern à Vannes. Cinq d’entre eux sont
des moines venus de Bretagne insulaire entre les Ve et
VIIe siècles : apportant leurs coutumes et leurs
croyances, ils ont abreuvé l’Armorique à la source du
christianisme celtique qui les habitait.
Suivant les
voies romaines, se recueillant dans le silence des
chapelles ou auprès des fontaines sacrées, le pèlerin
effectuait ce trajet d’environ 600 kilomètres en un
mois. Les anciens statuts du chapitre de la cathédrale
de Rennes plaçaient ce pèlerinage au même rang que les
voyages de dévotion faits à Rome, Jérusalem ou
Compostelle, et un vieux dicton breton affirmait que
pour entrer au Paradis, il fallait avoir fait au moins
une fois le Tro Breiz.
L’histoire
de ce pèlerinage suscite aujourd’hui des débats
passionnés. Certains historiens le font remonter à
l’époque du roi Nominoé qui, établissant une métropole
ecclésiastique à Dol-de-Bretagne, parvint à s’affranchir
de l’Église de Tours et à gagner ainsi son indépendance
vis-à-vis du pouvoir carolingien. Il apparaît plus
sûrement que, si le culte collectif des Sept Saints
remonte sans doute au XIe siècle, le pèlerinage aurait
été effectivement pratiqué du XIIIe au XVe siècle,
notamment aux quatre temporaux (Pâques, la Pentecôte, la
Saint-Michel et Noël). Freiné par les guerres de la
Ligue au XVIe siècle puis supplanté par de nouvelles
dévotions, il fut remis à l’honneur par quelques
historiens à la fin du XIXe siècle. Mais il fallut
attendre un siècle pour assister à sa renaissance - et
celle-ci fut spectaculaire : depuis 1994, le Tro Breiz
est à nouveau pratiqué de manière collective, suscitant
un enthousiasme qui ne se dément pas. De nombreux
bénévoles se mobilisent pour équiper et baliser
l’itinéraire, afin de faciliter l’accès aux marcheurs
qui découvrent avec bonheur l’originalité de ce
pèlerinage. Un succès qui en fait une alternative aux
chemins de Compostelle, un « Compostelle breton ».
Gaële de La
Brosse nous livre ici le fruit de dix années de
recherches, en nous faisant découvrir l’histoire du Tro
Breiz, sa portée symbolique, son originalité, et sa
renaissance actuelle. Un ouvrage unique par la richesse
de sa documentation et par l’accent mis sur la dimension
humaine du pèlerinage, considéré avant tout comme un
cheminement personnel, une métaphore de l’aventure de
l’homme sur la Terre. |