La Règle de Saint-Benoît
pour
tous les jours de l'année
18 novembre
40 - DE LA MESURE A GARDER DANS LE
BOIRE
« Chacun a reçu de Dieu un dont qui lui est propre, en sorte que la
disposition de l’un n’est pas celle de l’autre." Et c’est pourquoi nous
avons un certain scrupule à fixer par des règlements le vivre d’autrui.
Toutefois, considérant les exigences des santés délicates, nous
accorderons une hémine de vin à chacun comme portion suffisante pour la
journée. Mais les frères auxquels Dieu donnerait d’en supporter la
privation, peuvent être assurés d’en recevoir la récompense. Au
contraire, Si les nécessités du climat, si un travail exceptionnel ou
les chaleurs estivales réclament un supplément, le supérieur en jugera
et décidera : surtout, qu’il soit prudent et n’accorde pas le vin à
volonté, de peur qu’on ne soit gagné par l’ivresse. Sans doute
lisons-nous que le vin n’est nullement fait pour les moines, mais il
n’est guère possible de les en persuader dans les temps où nous vivons.
Convenons du moins de n’en pas boire à satiété, mais de rester en deçà,
car le vin fait déraisonner même les sages.
Là où les conditions du pays demandent qu’on renonce à se procurer la
mesure fixée plus haut, parce que le vin est rare ou qu’il n’y en a pas
du tout, ceux qui habitent cette région devront bénir Dieu et se bien
garder de murmurer. C’est vraiment notre suprême recommandation, qu’on
se tienne franc de tout murmure. » |