La Règle de Saint-Benoît
pour
tous les jours de
l'année
23 décembre
65 - DU PRÉPOSÉ DU MONASTÈRE
Aussi avons-nous constaté qu’il est expédient, pour la sauvegarde de la
paix et de la charité, que l’abbé organise lui-même son monastère comme
il l’entend, et, si faire se peut, que tous les services de la maison
soient confiés aux doyens selon les dispositions prises par l’abbé,
comme nous l’avons réglé plus haut; quand les charges se répartissent
entre plusieurs, elles offrent moins de prise à l’ambition d’un seul.
Toutefois, lorsque la situation de la maison le requiert ou que la
communauté le souhaite pour de justes motifs et le demande humblement,
l’abbé appréciera s’il est opportun de s’adjoindre un préposé, et, avec
l’assentiment des plus religieux de ses frères, il fixera son choix sur
celui qu’il voudra.
Ce préposé exécutera avec respect tout ce qui lui sera prescrit par son
abbé, loin de se permettre quoi que ce soit contre sa volonté ou ses
ordonnances: plus il est élevé au-dessus des autres, plus il doit se
montrer attaché à l’observation de la Règle. S’il se révélait déréglé,
séduit par l’élèvement et la superbe, convaincu de mépris pour la sainte
Règle, on l’admonesterait oralement jusques à quatre fois; s’il ne
s’amendait pas, on lui ferait subir le châtiment de la discipline
régulière; serait-il malgré tout réfractaire, il ne resterait qu’à le
faire déchoir de sa condition de préposé, pour le remplacer par un plus
digne. Et si, par la suite, il ne se tenait pas tranquille et obéissant,
on finirait par l’expulser du monastère. L’abbé se remettra toutefois
devant les yeux le compte qu’il doit rendre â Dieu de toutes ses
décisions: pensée propre à étouffer la flamme d’envie ou de jalousie qui
pourrait s’allumer dans son âme.
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