La Règle de Saint-Benoît
pour
tous les jours de
l'année
22 décembre
65 - DU PRÉPOSÉ DU MONASTÈRE
Il faut reconnaître que l’établissement d’un préposé dans les monastères
donne assez souvent naissance à de graves scandales. Il est, en effet,
de ces gens qui, enflés d’un détestable esprit de superbe, se prennent
alors pour de seconds abbés, usurpent un pouvoir tyrannique, suscitent
et entretiennent des dissentiments scandaleux à l’intérieur des
communautés, surtout dans les maisons où le même évêque et les mêmes
abbés qui instituent l’abbé pourvoient également à la désignation du
préposé. Combien cela est absurde, il est aisé de le voir: car cette
façon de le nommer lui fournit dès le principe matière à s’enorgueillir,
et le pousse à se persuader qu’il est affranchi de l’autorité abbatiale,
"puisque" se dira-t-il, toi aussi tu as été choisi par ceux-là mêmes de
qui l’abbé détient ses pouvoirs. C’est une source de haines, de
querelles, de médisances, de rivalités, de dissensions de désordres:
l’abbé et le préposé, entraînés par leurs sentiments hostiles, versent
dans un antagonisme inévitable qui leur devient fatal, tandis que leurs
sujets, en épousant le parti de l’un ou de l’autre, vont également à
leur perte. Jeter la communauté dans un tel péril est une faute
imputable au premier chef à ceux qui ont ainsi renversé l’ordre normal
des choses.
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