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« Une Pensée par Jour »
du Traité de l’Amour de Dieu
 

 

5 octobre 2010

 

« Quelques-uns peut-être trouveront que j’ai trop dit, et qu’il n’était pas requis de prendre ainsi les discours jusque dans leurs racines. Mais je pense que le divin amour est une plante pareille à celle que nous appelons angélique, de laquelle la racine n’est pas moins odorante et salutaire que la tige et les feuilles. Les quatre premiers livres et quelques chapitres des autres pouvaient sans doute être omis, au gré des âmes qui ne cherchent que la seule pratique de la sainte dilection ; mais tout cela néanmoins leur sera bien utile, si elles le regardent dévotement. Cependant plusieurs peut-être aussi eussent trouvé mauvais de ne voir pas ici toute la suite de ce qui appartient au Traité du céleste amour. Certes, j’ai eu en considération la condition des esprits de ce siècle, et je le devais ; il importe beaucoup de regarder en quel âge on écrit.
Je cite aucunes fois l’Écriture sainte en autres termes que ceux qui sont portés par l’édition ordinaire. O vrai Dieu ! mon cher Lecteur, ne me fais pas pour cela ce tort de croire que je veuille me départir de cette édition-là, ha non ! car je sais que le Saint-Esprit l’a autorisée par le sacré concile de Trente, et que partant nous nous y devons tous arrêter ; ainsi au contraire je n’emploie les autres versions que pour le service de celle-ci, quand elles expliquent et confirment son vrai sens. Par exemple, ce que l’époux, céleste dit à son épouse Tu as blessé mon cœur, est fort éclairci par l’autre version : Tu m’as emporté le cœur, ou Tu as tiré et ravi mon cœur (Cant. cant, IV, 9). Ce que notre Seigneur dit : Bienheureux sont les pauvres d’esprit, est grandement amplifié et déclaré selon le grec, Bienheureux sont les mendiants d’esprit (Matth., V, 3) ; et ainsi des autres. »