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« Une Pensée par Jour »
du Traité de l’Amour de Dieu
 

 

26 octobre 2010

 

« Ainsi, cher Théotime, cette providence touche tout, règne sur tout, et réduit tout à sa gloire. Il y a toutefois certes des cas fortuits et des accidents inopinés ; mais ils ne sont ni fortuits, ni inopinés qu’à nous ; et sont, sans doute, très certains à la providence céleste, qui les prévoit et les destine au bien public de l’univers. Or, ces cas fortuits se font par la concurrence de plusieurs causes, lesquelles n’ayant point de naturelle alliance les unes aux autres, produisent une chacune son effet particulier, en telle sorte néanmoins que de leur rencontre réussit un effet d’autre nature, auquel, sans qu’on l’ait pu prévoir, toutes ces causes différentes ont contribué. Il était, par exemple, raisonnable de châtier la curiosité du poète Aeschylus, lequel ayant appris d’un devin qu’il mourrait accablé de la chute de quelque maison, se tint tout ce jour-là en une rase campagne, pour éviter le destin ; et demeurant ferme, tête nue, un faucon qui tenait entre ses serres une tortue en l’air, voyant ce chef chauve, et supposant que ce fût la pointe d’un rocher, lâcha la tortue droit sur icelui ; et voilà qu’Aeschylus meurt sur-le-champ, accablé de la maison et écaille d’une tortue. Ce fut, sans doute, un accident fortuit ; car cet homme n’alla pas au champ pour mourir, mais pour éviter la mort ; ni le faucon ne voulait pas écraser la tête d’un poète, mais la tête et l’écaille de la tortue, pour par après en dévorer la chair ; et néanmoins il arriva au contraire car la tortue demeura sauve, et le pauvre Aeschylus mort. Selon nous, ce cas fut inopiné ; mais, au regard de la Providence qui regardait de plus haut, et voyait la concurrence des causes, ce fut un exploit de justice par lequel la superstition de cet homme fut punie. »