« Une Pensée par Jour »
du Traité de l’Amour de Dieu
20 octobre
2010
« Nous disons, quand le
soleil à son lever est rouge, et que tôt après il devient noir, ou creux
et enfoncé, ou bien quand, à son coucher il est blafard, pâle, hâve, que
c’est signe de pluie. Théotime, le soleil n’est ni rouge, ni noir, ni
pâle, ni gris, ni vert. Ce grand luminaire n’est point sujet à ces
vicissitudes et changements de couleur, n’ayant pour toute couleur que
sa très claire et perpétuelle lumière, laquelle, si ce n’est par
miracle, est invariable ; mais nous parlons de la sorte, parce qu’il
nous semble être tel, selon la variété des vapeurs qui sont entre lui et
nos yeux, lesquelles le font paraître de diverses façons.
Or, nous disons ainsi de Dieu, non tant selon ce qu’il est en lui-même,
comme selon ses œuvres par l’entremise desquelles nous le contemplons ;
car sur nos diverses considérations nous le nommons différemment, comme
s’il avait une grande multitude de différentes excellences et
perfections.
Si nous le regardons en tant qu’il punit les méchants, nous le nommons
juste ; en tant qu’il délivre le pécheur de sa misère, nous le prêchons
miséricordieux ; en tant qu’il a créé toutes choses et fait plusieurs
miracles, nous l’appelons tout-puissant ; en tant qu’il pratique
exactement ses promesses, nous le publions véritable ; en tant qu’il
fait toutes choses en si bel ordre, nous l’appelons tout sage, et ainsi
consécutivement, selon la variété de ses œuvres, nous lui attribuons une
grande diversité de perfections. Mais cependant en Dieu il n’y a ni
variété, ni différence quelconque de perfections ; ainsi il est lui-même
une très seule, très simple et très uniquement unique perfection ; car
tout ce qui est en lui, n’est que lui-même, et toutes les excellences
que nous disons -être en lui en une si grande diversité, elles y sont en
une très simple et très pure unité, et comme le soleil n’a aucune de
toutes les couleurs que nous lui attribuons, ainsi une seule très claire
lumière qui est par-dessus toutes couleurs, et qui rend visiblement
colorées toutes les couleurs ; aussi en Dieu il n’y a aucune des
perfections que nous imaginons, ainsi une seule très pure excellence,
qui est au-dessus de toute perfection, et qui donne la perfection à tout
ce qui est parfait. » |