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« Une Pensée par Jour »
du Traité de l’Amour de Dieu
 

 

13 novembre 2010

 

« O Dieu ! Théotime, si nous recevions les inspirations célestes selon toute l’étendue de leur vertu, qu’en peu de temps nous ferions de grands progrès en la sainteté ! Pour abondante que soit la fontaine, ses eaux n’entreront pas en un jardin selon leur affluence, mais selon la petitesse on grandeur du canal par où elles y sont conduites. Quoique le Saint-Esprit, comme une source d’eau vive, aborde de toutes parts notre cœur, pour répandre sa grâce en icelui ; toutefois, ne voulant pas qu’elle entre en nous, sinon par le libre consentement de notre volonté, il ne la versera point que selon la mesure de son plaisir et de notre propre disposition et coopération, ainsi que le dit le sacré concile, qui aussi, comme je pense, à cause de la correspondance de notre consentement avec la grâce, appelle la réception d’icelle réception volontaire. En ce sens, saint Paul nous exhorte de ne point recevoir ta grâce de Dieu en vain (II Cor., VI, 1). Car comme un malade, qui ayant reçu la médecine en sa main, ne l’avalerait pas dans son estomac, aurait voire-ment reçu la médecine, mais sans la recevoir : c’est-à-dire, il l’aurait reçue en une façon inutile et infructueuse ; de même nous recevons la grâce de Dieu en vain, quand nous la recevons à. la porte du cœur, et non pas dans le consentement du cœur. Car ainsi nous la recevons sans la recevoir, c’est-à-dire, nous la recevons sans fruit, puisque ce n’est rien de sentir l’inspiration, sans y consentir. Et comma le malade auquel on aurait donné en main la médecine, s’il la recevait seulement en partie, et non pas toute, elle ne ferait aussi l’opération qu’en partie, et non pas entièrement ; ainsi quand Dieu nous envoie une inspiration grande et puissante pour embrasser son saint amour, si nous ne consentons pas selon toute son étendue, elle ne profitera aussi qu’à cette mesure-là. Il arrive qu’étant inspirés de faire beaucoup, nous ne consentons pas à toute l’inspiration, ainsi seulement à quelque partie d’icelle, comme firent ces bons personnages de l’Évangile qui, sur l’inspiration que notre Seigneur leur fit de le suivre, voulaient réserver un d’aller d’abord ensevelir son père (Matth., II, 21), et l’autre d’aller prendre congé des siens. »