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Pensée du Saint Curé d’Ars

25 novembre 2009 

 « Mais, peut-être allez-vous me demander ce que c'est que, ce moment de la mort qui doit tant nous occuper, et qui est si capable de nous convertir ? – C'est un instant qui, peu sensible dans sa durée, nous est peu connu, et qui, cependant, suffit pour nous faire faire le grand passage de ce monde à l'éternité. Moment formidable par lui-même où tout ce qui est dans le monde meurt pour l'homme, où l'homme, en même temps, meurt pour tout ce qui est à lui sur la terre. Moment terrible où l'âme, malgré l'union si intime qu'elle a avec son corps, en est arrachée par la violence de la maladie ; après quoi, l'homme étant dépouillé de tout, ne laisse aux yeux du monde qu'une figure hideuse de lui-même, des yeux éteints, une bouche muette, des mains sans action, des pieds sans mouvement, un visage défiguré, un corps qui commence à se corrompre et qui n'est plus qu'un objet d'horreur. Moment impitoyable, où les plus puissants et les plus riches perdent toutes leurs richesses et leur gloire, et où ils n'ont pour tout héritage que la poussière du tombeau. Moment bien humiliant où le plus grand est confondu avec le plus misérable de la terre. Tout est confondu : plus d'honneurs, plus de distinctions, tous sont mis au même niveau. Mais moment mille fois plus terrible encore par ses suites que par sa présence puisque les pertes en sont irréparables. L'homme, nous dit le Saint-Esprit, parlant du mourant, ira dans la maison de son éternité. Moment court, il est vrai, mais bien décisif ; après lequel le pécheur n'a plus de miséricorde à espérer, et le juste de mérites à acquérir. Moment dont la pensée a rempli les monastères de tant de grands du monde, qui ont tout quitté pour ne penser qu'à ce terrible passage de ce monde à l'autre. Moment dont la pensée a peuplé les déserts de tant de saints, qui n'ont cessé de se livrer à toutes les rigueurs de la pénitence que leur amour pour le Bon Dieu a pu leur inspirer. Moment terrible, M.F., mais bien court, qui, cependant, va décider de tout pour une éternité entière. D'après cela, M.F., comment se peut-il faire que nous n'y pensions pas ou, du moins, que nous y pensions d'une manière si faible ? »

Sermon pour le 15ème dimanche après la Pentecôte,

Sur la pensée de la mort.

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