Le Message de Fatima
Pour l'Évangélisation de l'Église et du monde


Conférence donnée par S. E. R. le Cardinal Burke le 3 novembre 2017 à Fatima
pendant le pèlerinage de l'Institut du Christ Roi Souverain Prêtre
à l'occasion du Centenaire des Apparitions de Notre-Dame


Cliquez ici pour lire la conférence en anglais, dans sa version originale.

 

Introduction

        Par le mystère de sa Maternité divine, le Cœur Immaculé de la Bienheureuse Vierge Marie, montée au Ciel dans la gloire, ne cesse pas de battre avec amour pour nous, enfants que son divin Fils lui a donnés au moment de mourir sur la Croix.[1] Par la descente du Saint-Esprit dans nos âmes au moment du baptême, Dieu nous a adoptés comme ses vrais fils et filles dans son Fils unique, Notre Seigneur Jésus-Christ. Par le Baptême nous sommes aussi devenus fils et filles de la Mère de Dieu, en son Fils, Dieu le Fils incarné. Avec un soin maternel, la Vierge Mère de Dieu attire les cœurs à son Glorieux Cœur Immaculé et les conduit au Christ son Fils, à son Sacré-Cœur, et elle leur enseigne, comme elle enseigna aux sommeliers des Noces de Cana dans leur détresse : “Faites tout ce qu’Il vous dira”.

        Dans l’hymne vénérable des Vêpres des fêtes de la Bienheureuse Vierge Marie, l’Ave Maris Stella, nous demandons :

Montrez-vous comme notre mère ;

Qu’Il accueille par vous nos prières

Celui qui, né pour nous, voulut être votre fils.[2]

        Ces mots d’une hymne du huitième siècle expriment d’une manière claire et frappante le mystère de la Maternité divine par lequel la Vierge Marie est tout à la fois Mère de Dieu et Mère de la Divine Grâce. L’hymne demande à la Vierge Mère de Dieu de nous guider vers son divin Fils, en sorte que nos cœurs, unis avec son Cœur Immaculé, puissent rester toujours, dans Son Cœur, l’unique source de Salut.

        D’une manière tout à fait merveilleuse, la Bienheureuse Vierge Marie a montré elle-même qu’elle est Mère de la Divine Grâce, par ses apparitions aux trois pastoureaux, ici, il y a cent ans, du 13 mai au 13 octobre 1917. Le monde d’alors se trouvait mis en pièces par l’inimaginable destruction et la mort, œuvres de la Première Guerre mondiale et, pire encore, inévitablement menacé par la diffusion du communisme athée, conduisant les cœurs des hommes loin du Cœur de Jésus, l’unique source de notre salut. Le communisme athée était en train de mener les âmes dans une orgueilleuse rébellion contre Dieu et l’ordre dans lequel Il a établi sa création et qu’Il a inscrit dans le cœur de chaque homme.[3]

        Par mon propos d’aujourd’hui, j’espère vous attirer plus profondément à la merveilleuse grâce donnée au monde ici par l’intermédiaire de la Bienheureuse Vierge Marie. En concentrant mon attention sur les apparitions et le message de Notre-Dame de Fatima, je souhaite vous aider à rencontrer ici Notre Seigneur par sa Sainte Mère, et ainsi donner vos cœurs, unis avec le Cœur Immaculé de Marie, à son très Sacré Cœur. Puissiez-vous ainsi devenir des soldats toujours plus forts et plus courageux du Christ Roi, notre Éternel Grand-Prêtre.

 

Les Apparitions de l’Ange du Portugal

        Dieu a préparé les trois messagers de la Vierge de Fatima, saints François et Jacinthe Marto, et la Servante de Dieu Lucie dos Santos, par trois visions de l’Ange du Portugal qui eurent lieu pendant le printemps, l’été et l’automne 1916. Au cours de la première vision, ayant dit aux petits pâtres de ne pas avoir peur et leur ayant assuré qu’il était “l’Ange de la Paix”, il leur demanda de prier à trois reprises en ces termes :

Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je Vous aime. Je Vous demande pardon pour tous ceux qui ne croient pas qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et qui ne Vous aiment pas.[4]

        L’Ange, messager de Dieu aux pastoureaux, indiquait déjà la voie dans laquelle la Mère de Dieu les conduirait : la voie de la prière, de la pénitence et de la réparation. Il acheva la vision par ces mots :

Priez ainsi. Les Cœurs de Jésus et Marie sont attentifs à la voix de vos supplications.[5]

        Au cours de sa deuxième apparition, l’Ange pressa les enfants : “Offrez des prières et des sacrifices au Très-Haut.”[6] Lorsque Lucie demanda comment les enfants devaient faire des sacrifices, l’Ange répondit :

Faites, de tout ce que vous pouvez, un sacrifice, et offrez-le à Dieu en acte de réparation pour les péchés par lesquels Il est offensé et en supplication pour la conversion des pécheurs. Vous ramènerez ainsi la paix dans votre pays. Je suis son Ange gardien, l’Ange du Portugal. Par-dessus tout, acceptez et supportez avec soumission les souffrances que le Seigneur vous enverra.[7]

        Les enfants étaient en effet conduits à prier comme l’Ange le leur avait enseigné et à accepter joyeusement les souffrances par amour pour le pardon des péchés et la réparation du désordre que le péché introduit toujours dans notre vie et dans le monde.

        Au cours de la troisième apparition, à l’automne 1916, “l’Ange, tenant dans sa main un calice au-dessus duquel une hostie était suspendue, de laquelle tombait quelques gouttes de sang,”[8] enseigna aux enfants une plus longue prière :

Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je vous adore profondément, je Vous offre les très précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ, présent dans tous les tabernacles du monde, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels Il est Lui-même offensé. Et par les infinis mérites de son très Sacré-Cœur et du Cœur Immaculé de Marie, j’implore de Vous la conversion des pauvres pécheurs.[9]

        Ensuite l’Ange communia Lucie avec la Sainte Hostie et Francisco et Jacinthe avec le Précieux Sang en disant: “Prenez et buvez le Corps et le Sang de Jésus-Christ, horriblement outragé par les hommes ingrats. Faites réparation pour leurs crimes et consolez votre Dieu.”[10]

        La troisième apparition de l’Ange du Portugal manifesta clairement aux enfants la nature essentiellement eucharistique de leurs prières et de leurs sacrifices. En effet, le Christ renouvelle les fruits de Son sacrifice sur le Calvaire à travers le Sacrement de la Sainte Eucharistie, pour le salut des âmes et du monde. Les cœurs, unis au Cœur Immaculé de Marie, sont plus parfaitement unis au Cœur de Jésus par la participation au Sacrifice Eucharistique qui atteint son sommet dans la digne réception de l’incomparable fruit du Sacrifice : les Corps, Sang, Âme et Divinité du Christ.

 

L’apparition du 13 juillet 1917: Le Message ou Secret de Notre-Dame de Fatima

        Le message central de Notre-Dame de Fatima a été révélé dans ce qui fut appelé le Secret de Fatima, au cours de l’apparition du 13 juillet 1917. La première partie du Secret a deux aspects essentiels. Tout d’abord c’est la terrifiante vision de l’Enfer, préfiguré par les maux répandus dans le monde de ce temps. Ensuite, il y a l’offre de la paix réparatrice de Dieu par l’intercession du Cœur Immaculé de Marie, afin que les âmes soient sauvées d’une vie de péchés graves et de leur fruit : la mort éternelle. Notre-Dame parla en ces termes aux pastoureaux :

Vous avez vu l’Enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu souhaite établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. Si ce que je vous dis est fait, beaucoup d’âmes seront sauvées et il y aura la paix. La guerre touche à sa fin ; mais si les peuples ne cessent pas d’offenser Dieu, une autre pire éclatera durant le pontificat de Pie XI. Quand vous verrez une nuit illuminée par une lumière inconnue, sachez que c’est le grand signe donné par Dieu qu’Il est sur le point de punir le monde pour ses crimes par le moyen de la guerre, de la famine et des persécutions contre l’Eglise et le Saint-Père.[11]

        La première partie du Secret renferme une sévère admonition. En effet, à cause de la persistance de l’apostasie et de l’immoralité conséquente, le monde s’est enfoncé toujours plus profondément et dans de très graves souffrances par la diffusion du communisme athée, l’avènement du National-Socialisme en Allemagne, et les dévastations de la Seconde Guerre mondiale. Cependant, les mots de Notre-Dame sont aussi plein d’espérance en l’infaillible grâce de Dieu qui apporte la repentance pour les péchés commis et la paix dans chaque âme repentante et, par conséquent, dans le monde.

        Faisant référence aux châtiments nécessairement liés aux graves péchés de notre temps, la deuxième partie du Secret est l’annonce de la paix que Dieu veut donner aux âmes et au monde. La paix de Dieu sera donnée au monde sous deux conditions : la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, et la pratique de la Communion réparatrice des cinq Premiers Samedis du mois. Notre-Dame parla ainsi aux petits pâtres:

Pour éviter cela, je viens demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la Communion réparatrice des Premiers Samedis. Si ma requête est entendue, la Russie se convertira et il y aura la paix; dans le cas contraire, elle répandra ses erreurs à travers le monde, causant guerres et persécutions contre l’Eglise. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront annihilées.

A la fin, mon Cœur Immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie, et elle se convertira, et un temps de paix sera accordé au monde. Au Portugal, le dogme de la Foi sera toujours préservé, etc.[12]

        Notre-Dame a indiqué le remède spirituel à la déplorable situation dans laquelle le monde et l’Eglise se trouvent. Elle a aussi prédit les terribles châtiments physiques qui résulteraient de la défaillance à consacrer l’agent de la diffusion du communisme athée au Sacré-Cœur de Jésus par le Cœur Immaculé et à entreprendre la pratique régulière de réparation pour tant d’offenses commises contre l’infini et incessant amour de Dieu, manifesté si parfaitement dans le Glorieux Cœur transpercé de Jésus.

        Et dans les faits, la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie n’a pas été faite, comme elle l’avait demandée, et la Communion réparatrice des Premiers Samedis n’est pas devenue une pratique de l’Eglise universelle. Il s’ensuivit les terribles souffrances de la Seconde Guerre mondiale et ses conséquences, la diffusion du communisme athée, avec comme suites concrètes la persécution de multiples nations et de l’Eglise dans ces nations, et l’anéantissement de certaines d’entre-elles. La seconde partie du Secret s’achève aussi sur une espérance ferme que le Cœur Immaculé de Marie triomphera par l’obéissance à ses maternelles instructions.  

        La troisième partie du Secret, indiquée par “etc.” à la fin de la seconde partie, traite du châtiment provoqué par la rébellion de l’homme qui, au lieu de donner son cœur au Sacré-Cœur de Jésus par le Cœur Immaculé de Marie, abandonne son cœur à la corruption du matérialisme et du relativisme universel de notre temps. La troisième partie du Secret a finalement été écrite par Sœur Lucie le 3 janvier 1944, mais ne devait être révélée qu’à sa mort, ou en 1960 si cette date survenait avant.

        Dans sa description de la troisième partie du Secret, Sœur Lucie cite “l’Ange à l’épée de feu”[13] vu sur le côté gauche de Notre-Dame :

Pointant la terre de sa main droite, l’Ange criait d’une voix forte : “Pénitence, Pénitence, Pénitence!”[14]

        Elle décrit ensuite le martyre de ceux qui restent vraiment unis à Notre Seigneur, de ceux qui n’ont qu’un seul cœur, dans le Cœur Immaculé de Marie, avec Son Très Sacré-Cœur. Sous les deux bras ”d’une grande croix en troncs bruts, comme s’ils étaient de chêne-liège, avec leur écorce… il y avait deux anges, chacun avec un aspersoir de cristal à la main, dans lequel ils recueillaient le sang des martyrs et avec lequel ils irriguaient les âmes qui s’approchaient de Dieu.”[15]

        Sœur Lucie consigne aussi trois déclarations de la Mère de Dieu. D’abord, Notre-Dame demande que la troisième partie du Secret ne soit pas communiquée à d’autres, excepté à François, à ce moment-là, c’est-à-dire le 13 juillet 1917, et elle donne ensuite les instructions suivantes :

Lorsque vous récitez le chapelet, dîtes après chaque mystère : Ô mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’Enfer. Conduisez au Ciel toutes les âmes, spécialement celles qui en ont le plus besoin.[16]

        Pour finir, Notre-Dame assure Lucie qu’elle n’a plus rien à lui demander pour le moment.

 

Les autres apparitions de Notre-Dame.

        Avant de considérer plus en détail la troisième partie du Secret, je mentionne brièvement comment les autres apparitions de Notre-Dame préparent l’apparition du 13 juillet ou la confirme. Tout d’abord, notons que dans la totalité des apparitions, Notre-Dame apparaît avec un chapelet à la main. Elle exhorte les enfants à réciter le saint Rosaire pour leur propre salut et pour le salut du monde. Notre-Dame de Fatima est avec raison connue comme Notre-Dame du Rosaire, pour ses apparitions et message soulignant le pouvoir de la prière du Chapelet surtout au regard de la grave situation de notre temps.

        Au cours de l’apparition du 13 mai, la Vierge a demandé aux enfants de venir au même lieu “pour six mois consécutifs, le 13, à la même heure.”[17] Elle indiqua qu’au cours de ces six mois, elle leur révèlera ce qu’elle désirait d’eux. Elle exhorta les enfants à réciter le Chapelet et à embrasser les souffrances que Dieu envoie “en acte de réparation pour les péchés par lesquels Il est offensé et en intercession pour la conversion des pécheurs.”[18] Elle leur assura aussi que la grâce de Dieu ne leur ferait jamais défaut. Au cours de l’apparition du 13 juin, elle demanda aux enfants de continuer à prier le Chapelet, leur assurant qu’elle leur dirait plus tard ce qu’elle voulait. Elle leur signifia clairement que la dévotion au Cœur Immaculé est tout à la fois un “refuge”  et le “chemin” qui conduit à Dieu.[19]

        Au cours de l’apparition du 19 août, qui avait été reportée en raison de l’emprisonnement des petits pâtres, la Vierge confirma son instruction au sujet de la nécessité de prier le Chapelet et d’offrir de nombreux sacrifices pour le salut des âmes. Elle promit aussi au cours de la dernière apparition : “J’accomplirai un miracle afin que tous croient.”[20] Le 13 septembre, Notre-Dame une fois de plus confirma les enfants dans la pratique de la récitation du Chapelet et de l’offrande de sacrifices pour le salut des âmes et la paix dans le monde. Elle renouvela la promesse d’un miracle. Elle déclara :

En Octobre, Notre Seigneur viendra, ainsi que Notre-Dame des Douleurs et Notre-Dame du Mont-Carmel. Saint Joseph apparaîtra avec l’Enfant-Jésus afin de bénir le monde.[21]

        Le 13 octobre, après que la Vierge Mère a demandé qu’une chapelle soit construite en son honneur, comme Notre-Dame du Rosaire, après qu’elle a poussé à la récitation quotidienne du Chapelet, à la repentance et à la réparation pour les péchés, Dieu accomplit le Miracle du Soleil, comme Notre-Dame l’avait promis, pour confirmer la foi dans le message qu’elle apportait au monde, à Fatima. Le temps ne nous permet pas une plus complète méditation des autres apparitions.

 

La troisième partie du Message ou Secret de Fatima

        Je reviens maintenant à la troisième partie du Secret ou Message de Fatima. Sans entrer dans la discussion pour savoir si le troisième Secret a été totalement révélé, il semble clair, à partir des études les plus autorisées des apparitions de Notre-Dame de Fatima, qu’il est en rapport avec les forces diaboliques déchaînées dans le monde de notre temps et entrant dans la vie même de l’Eglise, emmenant des âmes loin de la vérité de la foi et donc du Divin Amour découlant du glorieux Cœur transpercé de Jésus.

        Le 10 septembre 1984, Son Excellence Alberto Cosme do Amaral, alors évêque de Leiria-Fátima, sur la base de ses études dont les conclusions furent confirmées par Sœur Lucie, déclara, durant une session de questions-réponses à l’université de Vienne au sujet du contenu de la troisième partie du Message ou secret de Fatima :

Son contenu … ne concerne que notre foi. Identifier le Secret avec des annonces catastrophiques ou avec un holocauste nucléaire, c’est déformer le sens du message.

La perte de la foi d’un continent est pire que l’anéantissement d’une nation: il est vrai que la foi diminue continuellement en Europe.[22]

        Frère Michel de la Sainte Trinité, dans son étude monumentale sur les apparitions de Notre-Dame de Fatima, écrit au sujet de la troisième partie du Secret ou ce qui est souvent appelé le troisième Secret :

“Bref, le triomphe du Cœur Immaculé de Marie se réfère sans doute bien plus encore au troisième Secret qu’au second. Car la paix recouvrée sera un don du Ciel, mais non à proprement parler le triomphe du Cœur Immaculé de Marie. Sa victoire est d’un autre ordre, surnaturel, et temporel par surcroît. Ce sera d’abord la victoire de la foi, qui mettra fin aux temps de l’apostasie et de la grande défaillance des pasteurs de l’Église.[23]

        Aussi horrible que soient les châtiments physiques associés à la rébellion de l’homme désobéissant à Dieu, infiniment plus horribles sont les châtiments spirituels, conséquences du péché mortel : la mort éternelle. Ainsi voit-on clairement que seule la Foi, qui place l’homme dans une relation d’union du cœur avec le Sacré-Cœur de Jésus, par la médiation du Cœur Immaculé de Marie, peut sauver l’homme des châtiments spirituels que la rébellion contre Dieu entraîne nécessairement contre ses instigateurs et envers l’ensemble de la société et de l’Eglise.

        L’enseignement de la Foi dans son intégrité et avec courage est le cœur de la charge des pasteurs de l’Eglise: le Pontife Romain, les évêques en communion avec le Siège de Pierre, et leurs principaux collaborateurs, les prêtres. Pour cette raison, le troisième Secret est dirigé, avec une force toute spéciale, envers ceux qui exercent la charge pastorale dans l’Eglise. Leur échec à enseigner la foi, dans la fidélité à l’enseignement et à la pratique constante de l’Eglise, que ce soit par une approche superficielle, confuse ou même mondaine et leur silence, met en danger mortel, dans le sens spirituel le plus profond, les âmes mêmes pour lesquelles ils ont été consacrés à prendre soin spirituellement. Les fruits empoisonnés de l’échec des pasteurs de l’Eglise se voient dans ces formes d’adoration, d’enseignement et de discipline morale qui ne sont plus en accord avec la Loi Divine.

 

Apostasie

        Le terme technique de l’Eglise pour l’abandon de la foi est l’apostasie. Le mot français vient du mot grec sécession, apo istamai, éloignement de. Dans l’Eglise, il a été utilisé pour décrire l’état de quelqu’un qui a reçu le cadeau de la foi mais qui ensuite, en quelque sorte, l’a abandonné, et également l’état de quelqu’un qui a embrassé d’abord la vocation au sacerdoce et qui ensuite a abandonné l’état clérical, ou qui a embrassé la vocation à la vie consacrée et qui ensuite l’a abandonnée. De cette façon l’Eglise parle d’apostasie de la foi, d’apostasie des Saints Ordres, et d’apostasie de la religion. Puisque ma réflexion s’intéresse à la première signification d’apostasie, c’est-à-dire l’apostasie de la foi, je ne mentionne les deux autres usages du mot que comme caractéristiques de la nature fondamentale de l’apostasie : l’éloignement d’une grâce divine qui avait d’abord été donnée par Dieu et reçue par l’homme.

        Au sujet de l’apostasie, saint Thomas d’Aquin écrit :

L'apostasie est une certaine façon de s'éloigner de Dieu. Il y a diverses manières de s'éloigner de Dieu, comme il y a diverses manières pour l'homme de s'unir à Dieu… Mais, si l'[homme] s'éloigne de la foi, alors il apparaît que l'on s'éloigne tout à fait de Dieu. C'est pourquoi, à parler simplement et absolument, l'apostasie est ce qui fait que quelqu'un s'éloigne de la foi : on l'appelle l'apostasie par incroyance. C'est de cette façon que l'apostasie pure et simple se rattache à l'infidélité.[24]

        En répondant à certaines objections, saint Thomas d’Aquin explique la nature très concrète de l’apostasie.

        En réponse à une objection concernant la nature de l'apostasie, c'est-à-dire s'il s'agit plus d'un acte de la volonté que de l'intellect, saint Thomas écrit:

A la foi se rattache non seulement la croyance du cœur, mais encore la protestation de cette foi intérieure par des paroles et par des agissements extérieurs, car la confession est un acte de la foi. Et c'est aussi par là que certaines paroles ou certaines œuvres extérieures se rattachent à l'infidélité, en tant qu'elles en sont le signe, comme on appelle " sain " ce qui est signe de santé… par conséquent, de même qu'à la disparition de la vie corporelle tous les membres et toutes les parties de l'organisme deviennent anarchiques, de même dès la suppression de cette vie de justice qui vient de la foi, le désordre apparaît dans tous les membres. Il apparaît 1° dans la bouche : c'est par elle que le cœur se manifeste le plus ; 2° dans les yeux ; 3° dans les organes du mouvement ; 4° dans la volonté qui tend au mal. Et il suit de là que l'apostat sème la querelle, parce qu'il cherche à éloigner les autres de la foi comme il s'en est écarté lui-même.[25]

        L’explication de saint Thomas de la nature de l’apostasie nous remet à l’esprit la prière que l’Ange du Portugal enseigna aux pastoureaux de Fatima au cours de la première de ses trois apparitions préparatoires aux apparitions de la Mère de Dieu. La prière exprime l’inséparable unité de la foi et de la vertu : la foi en Dieu s’exprime nécessairement en amour de Dieu. Le messager de Dieu aux petits pâtres était déjà en train d’indiquer le moyen par lequel la Mère de Dieu conduirait le monde confronté à la grave crise de l’apostasie: le moyen de la foi et de la prière, de la pénitence et de la réparation.

        L’apostasie se distingue de l’hérésie, l’autre grave péché contre la foi. Le Père Dominique Prümmer, O.P., dans son manuel classique de théologie morale définit l’apostasie comme la “défection totale de la foi chrétienne reçue volontairement autrefois.”[26] L’apostasie est la défection totale de la foi catholique, alors que l’hérésie est le refus de l’un ou l’autre article de la foi. L'hérésie, selon la manière dont elle est adoptée, peut conduire à l'apostasie, c'est-à-dire à l'abandon total de la foi, tandis que l'apostasie, à sa racine même, est un abandon total de la vie de foi.

        Comme l’indique le Père Prümmer, pour que l’apostasie soit effective, il n’est pas nécessaire que le fidèle donne son adhésion à une autre fois déterminée, par exemple le Judaïsme ou l’Islam, mais simplement, qu’ “après le baptême reçu dans l’Eglise catholique, il renie complètement la foi.”[27] Il donne comme exemple ceux qui abandonnent leur foi catholique comme les rationalistes, les athées, les libres penseurs ou les francs-maçons proprement dit.[28]

        Un mot, par exemple, sur la manière dont l’Eglise a souffert des persistantes doctrines hérétiques du modernisme, traité par le pape saint Pie X dans sa première Lettre Encyclique, E Supremi, du 4 Octobre 1903. Faisant référence à l’appréhension avec laquelle il accepta l’élection au Siège de Pierre, il déclara :

En outre, et pour passer sous silence bien d'autres raisons, Nous éprouvions une sorte de terreur à considérer les conditions funestes de l'humanité à l'heure présente. Peut-on ignorer la maladie si profonde et si grave qui travaille, en ce moment bien plus que par le passé, la société humaine, et qui, s'aggravant de jour en jour et la rongeant jusqu'aux moelles, l'entraîne à sa ruine ? Cette maladie, Vénérables Frères, vous la connaissez, c'est, à l'égard de Dieu, l'abandon et l'apostasie ; et rien sans nul doute qui mène plus sûrement à la ruine, selon cette parole du prophète : "Voici que ceux qui s'éloignent de vous périront" (Ps. LXXII, 17).[29]

        Combien plus encore aujourd’hui le Pontife Romain est-il confronté au défi redoutable d’une apostasie généralisée de la foi. Combien plus encore aujourd’hui les mouvements pour un gouvernement unifié du monde et certains mouvements au sein de l'Église elle-même méconnaissent la loi morale parce qu'ils n'ont aucun fondement en Dieu et dans son plan pour notre salut éternel.

        Dans sa Lettre Encyclique Pascendi Dominici Gregis du 8 Septembre, 1907, le saint Pontife a montré que les doctrines hérétiques du modernisme découlent d'un rationalisme et d'un sentimentalisme qui éloignent les âmes de la foi elle-même. Il écrit, au sujet de la corruption à l’intérieur de l’Eglise, causée par l’adoption d’une culture mondaine dépourvue des fondements de la saine philosophie et de la théologie :

Ce qui exige surtout que Nous parlions sans délai, c'est qu'il n'y a pas à chercher aujourd'hui les artisans d'erreurs parmi les ennemis déclarés. Ils se cachent et c'est un sujet d'appréhension et d'angoisse très vives, dans le sein même et au cœur de l'Eglise, ennemis d'autant plus redoutables qu'ils le sont moins ouvertement. Nous parlons, Vénérables Frères, d'un grand nombre de catholiques laïques, et, ce qui est encore plus à déplorer, de prêtres, qui, sous couleur d'amour de l'Eglise, absolument dépourvus de philosophie et de théologie sérieuses, imprégnés au contraire jusqu'aux moelles d'un venin d'erreur puisé chez les adversaires de la foi catholique, se posent, au mépris de toute modestie, comme rénovateurs de l'Eglise; qui, en phalanges serrées, donnent audacieusement l'assaut à tout ce qu'il y a de plus sacré dans l'œuvre de Jésus-Christ, sans respecter sa propre personne, qu'ils abaissent, par une témérité sacrilège, jusqu'à la simple et pure humanité.[30]

        Combien aujourd’hui les croyants irréfléchis peuvent-ils se laisser séduire et aveugler par les apparences, les propositions attrayantes et les slogans tape-à-l'œil, sous lesquels le fond est un poison pour son âme.

        Il est très utile de distinguer deux sortes de “manifestation extérieure” de l’apostasie, comme elles sont énoncées dans le Dictionnaire de Théologie Catholique. L’apostasie peut se manifester extérieurement d’une manière explicite, si “le fidèle fait connaitre par une déclaration catégorique ou par des actes qui équivalent à une déclaration, qu’il renonce à la foi catholique.”[31] Ainsi serait le cas d’un baptisé catholique qui embrasserait le Judaïsme ou l’Islam ou qui, par des déclarations, écrits ou autres moyens, se présenterait lui-même comme un libre-penseur ou un athée, ou bien ceux qui consciemment donnent leur nom à des groupes notoirement hostiles à la Foi Catholique.

        L’apostasie peut aussi se manifester d’une manière implicite et interprétative “quand un chrétien, sans signifier formellement qu’il renonce à sa croyance, prétendant même garder son titre de chrétien, se conduit de telle sorte qu’on peut conclure sûrement qu’il est devenu étranger à la foi.”[32] On pourra prendre pour exemples ceux qui applaudissent aux attaques de l’impiété contre la religion, qui se moquent des pasteurs de l’Eglise, qui raillent les institutions, les rites sacrés, et la vie religieuse, ou qui proposent et soutiennent une législation contraire à la loi divine ou à loi de l’Eglise. “Il y a dans ces manifestations extérieures, quand elles sont réfléchies et surtout répétées, la preuve que la foi a disparu des cœurs qui s’en rendent coupables.” [33]

        En bref, “ l’apostasie est un péché contre la foi, puisqu’elle rejette la doctrine révélée ; contre la religion, puisqu’elle refuse à Dieu le culte vrai ; contre la justice, puisqu’elle foule aux pieds les promesses du chrétien.”[34] Faisant référence à un auteur moderne, Jean-François Badet, qui appelle l’apostasie un “ suicide spirituel,” le Dictionnaire de Théologie Catholique déclare:

Ce « suicide religieux » est, après la haine de Dieu, le plus grave des péchés, parce que plus complètement et plus définitivement que les fautes simplement opposées aux vertus morales, il sépare de Dieu les puissances de l’âme humaine, intelligence et volonté.[35]

        Il est clair que l’apostasie, qu’elle soit explicite ou implicite, éloigne les cœurs du Cœur Immaculé de Marie et, ainsi, du Sacré-Cœur de Jésus, seule source de notre salut. À cet égard, comme le souligne le message de Fatima, les pasteurs de l’Eglise, qui d’une certaine manière coopèrent à l’apostasie, notamment par leur silence, portent une très lourde part de responsabilité.

 

L’Etat actuel de l’Eglise et le Remède de Fatima

        Aujourd’hui, l’Eglise est assaillie par la confusion et l’erreur au sujet de certains de ses enseignements les plus fondamentaux et les plus constants. Alors qu’un programme séculaire se réalise progressivement dans le monde, promouvant l’attaque de la vie humaine innocente et sans défense, de l’intégrité du mariage, de son incomparable fruit, la famille, et de la liberté même de l'homme d'adorer Dieu “en esprit et en vérité”[36], l’Eglise elle-même semble dans la confusion et même parfois semble indulgente envers une mondanité qui se rebelle contre Dieu et sa loi. Le monde a grand besoin de l’Eglise pour annoncer  la Foi, la vérité du Christ, avec clarté et courage, mais malheureusement trop souvent elle reste silencieuse ou semble incertaine au sujet de la vérité ou de son application ferme dans la vie quotidienne du monde. En même temps, la confusion,  non corrigée, génère de profondes divisions entre des évêques et les Conférences épiscopales, parmi les prêtres et parmi les fidèles en général. Les plus fondamentales et importantes questions de morale reçoivent une réponse différente des pasteurs de l’Eglise en différents lieux. Une nouvelle évangélisation a été confondue avec l'adoption sentimentale d'une culture séculière qui échoue à appeler la culture à la conversion et à témoigner de la conversion par l'intégrité de la vie des chrétiens. Non sans raison, les croyants se trouvent embrouillés et désorientés. Une telle situation conduit aussi à un sentiment d’abandon.

        Réfléchissant sur la nécessité urgente de répondre à la grâce d’une nouvelle évangélisation, nous voyons combien les apparitions et le message de Fatima demeurent d’actualité. A Fatima, la Mère de Dieu, notre Mère nous fournit les moyens d’aller fidèlement à son divin Fils et de chercher auprès de Lui la sagesse et la force d'apporter sa grâce salvatrice à un monde profondément troublé. Elle nous fournit six moyens particuliers à employer pour faire face à la situation. Elle nous demande, comme fidèle particulier: 1) de prier le Chapelet chaque jour; 2) de porter le scapulaire du Mont-Carmel; 3) de faire des sacrifices pour sauver des pécheurs; 4) de faire réparation des offenses contre le Cœur Immaculée par le moyen de la dévotion des Premiers Samedis ; et 5) de convertir nos propres vies toujours plus au Christ. Ultimement, elle demande que le Pontife Romain, en union avec tous les évêques du monde consacre la Russie à son Cœur Immaculé. Par ces moyens, elle promet que son Cœur Immaculé triomphera, apportant les âmes au Christ, son Fils. Se tournant vers le Christ, elles feront réparation pour leurs péchés. Le Christ, par l’intercession de sa Sainte Mère, les sauvera de l’Enfer et apportera la paix au monde entier.

        Alors que le Secret de Fatima est réaliste sur les grands maux qui assaillent le monde et l'Eglise, c’est fondamentalement un message d’espérance en la victoire du Sacré-Cœur de Jésus par le Cœur Immaculé de Marie. Le triomphe de la grâce cependant signifie pour nous la conversion quotidienne au Christ, la purification des péchés de  notre vie par la prière et la pénitence, et la réparation des péchés commis.

        Visitant le Sanctuaire de Fatima le 13 mai 1982, premier anniversaire de l’attentat contre sa vie, le Pape saint Jean-Paul II déclarait :

Aujourd’hui Jean-Paul II, successeur de Pierre, continuateur du labeur de Pie, de Jean et de Paul, et particulièrement héritier du second Concile du Vatican, se présente devant la Mère du Fils de Dieu dans son Sanctuaire de Fatima. De quelle manière y vient-il ?

Il se présente, relisant avec tremblement le maternel appel du Cœur de Marie qui résonna à Fatima il y a soixante-cinq ans. Oui, il le lit avec le cœur tremblant parce qu’il voit combien de peuples et de sociétés –combien de Chrétiens – sont allés dans la direction opposée à celle indiquée par le message de Fatima. Le péché s'est ainsi fermement ancré dans le monde, et le déni de Dieu s'est répandu dans les idéologies, les idées et les plans des êtres humains.

Mais justement pour ces raisons l’appel évangélique à la repentance et à la conversion proféré dans le message de notre Mère, reste éminemment pertinent. C’est même encore plus pertinent qu’il y a soixante-cinq ans. C’est encore plus urgent…

Le successeur de Pierre se présente aussi ici comme un témoin de l’immensité de la souffrance humaine, un témoin des menaces presque apocalyptiques concernant les nations et l’humanité presque dans son ensemble. Il essaie d'embrasser ces souffrances avec son propre cœur humain, faible, comme il se place devant le mystère du Cœur de la Mère, le Cœur Immaculé de Marie.

Au nom de ces souffrances, et avec conscience du mal qui se diffuse à travers le monde et menace les individus, les nations et l’humanité dans son ensemble, le successeur de Pierre se présente ici avec une plus grande foi dans le salut du monde, dans l’Amour rédempteur, toujours plus fort, toujours plus puissant que tout mal.

Mon cœur est oppressé quand je vois le péché du monde et toute la variété de menaces se rassembler comme un nuage sombre sur l'humanité, mais il se réjouit aussi avec espérance en faisant de nouveau ce qui a été fait par mes prédécesseurs, quand ils ont consacré le monde au Cœur de la Mère, quand ils ont consacré spécialement à ce Cœur, ces peuples qui avaient spécialement besoin d’y être consacrés. Faire cela signifie consacrer le monde à Celui qui est l’infini Sainteté. Cette sainteté signifie rédemption. Elle signifie un amour plus puissant que le mal. Aucun “péché du monde” ne pourra jamais vaincre cet Amour.

Une fois de plus cet acte est en train d’être fait. L’appel de Marie n’est pas juste pour une fois. Son appel doit être repris de génération en génération, conformément aux «signes des temps» toujours nouveaux. On doit sans cesse y retourner. Il doit être sans cesse repris à nouveau.[37]

        Les mots du Pape Saint Jean-Paul II mettent en évidence l’importance pérenne du Message de Fatima: le don de tout son cœur joint au Cœur Immaculé de Marie, au Sacré-Cœur de Jésus, et ainsi l’engagement à devenir un agent toujours plus efficace de la nouvelle évangélisation, si nécessaire, de notre civilisation. L’attention à la direction maternelle de Notre-Dame de Fatima tire les âmes au Christ qui leur donnera les sept dons du Saint-Esprit pour la conversion de leurs vies et la transformation d’une culture de mort en une culture d’amour.

 

Conclusion

        En conclusion, ne nous laissons pas aller au découragement devant la situation tumultueuse dans laquelle le monde et l'Eglise se trouvent actuellement. Suivons plutôt, encore une fois, la direction que Notre-Dame de Fatima nous montre maternellement, pour une nouvelle évangélisation de l'Eglise et ainsi du monde.

        Recevons le scapulaire de Notre-Dame du Mont-Carmel et offrons quotidiennement le saint Chapelet pour la conversion des pécheurs et pour la paix dans le monde. Centrons toutes nos œuvres autour de la participation au Saint Sacrifice de la Messe, autour de l'action de grâces après chaque Messe et durant toute la journée, autour de l'adoration eucharistique, et autour de la récitation du saint Rosaire, par laquelle Notre Seigneur, par l'intercession de Notre-Dame, transforme nos vies et notre monde.

        Faisons réparation pour les très nombreuses et graves offenses commises contre l'incommensurable et perpétuel amour de Dieu pour nous, et ce en accomplissant la dévotion des Premiers Samedis du mois et en acceptant les souffrances et les sacrifices pour l'amour de nos frères et sœurs, spécialement ceux qui en ont le plus besoin.

        Consacrons-nous au Cœur Immaculé de Marie, et œuvrons pour la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie.

        Certainement, le pape saint Jean-Paul II a consacré au Cœur Immaculé de Marie le monde, y compris la Russie, le 25 mars 1984. Mais, aujourd'hui, une fois encore, nous entendons l'appel de Notre-Dame de Fatima à consacrer la Russie à son Cœur Immaculé, suivant sa demande explicite. La consécration demandée est à la fois une reconnaissance de l'importance que la Russie continue à avoir pour la paix dans le plan de Dieu et aussi un signe du profond amour pour nos frères et sœurs en Russie.

        Puisse la Mère de Dieu et Mère de la Divine Grâce conduire beaucoup d'âmes à l'union de leurs cœurs au Cœur Immaculé, dans une consécration totale de leurs cœurs au Sacré-Cœur de Jésus.

        Comme la Mère de Dieu nous l'enseigne, il n'y a pas de moyen plus sûr pour une croissance quotidienne de notre vie spirituelle et pour ainsi devenir des “fleuves d'eau vive”[38], qui ne peuvent se trouver que dans le Sacré-Cœur de Jésus, dans un monde qui a si soif de vérité et d'amour du Christ. Puissent ainsi la vérité et l’amour du Christ animer nos foyers et en faire un phare d’espérance pour tous ceux qui luttent contre les forces du matérialisme et du relativisme.

        Le Cœur Immaculé de Marie triomphera de toutes les ténèbres dans nos cœurs. Par son triomphe dans nos cœurs et dans les cœurs d’un grand nombre, par le triomphe de la Foi, le Cœur Immaculé de Marie triomphera aussi des grandes ténèbres de notre temps en conduisant les âmes à la vérité et à l’amour de son Divin Fils, en conduisant les âmes à donner leur cœur, avec le sien et complètement, au Sacré-Cœur de Jésus. Elle continuera à parler à nos cœurs, comme elle parla aux cœurs des sommeliers de Cana: “Faites tout ce qu’Il vous dira.”[39]

 

Raymond Leo Cardinal BURKE



[1] Cf. Jn 19, 26-27.

[2] “Monstra te esse matrem, sumat per te preces qui pro nobis natus tulit esse tuus.” The Raccolta or A Manual of Indulgences. Prayers and Devotions Enriched with Indulgences, tr. Joseph P. Christopher, Charles E. Spence and John F. Rowan (New York: Benziger Brothers, Inc., 1957), pp. 222-223, no. 321.

[3] Cf. Rom 2, 15.

[4] “Meu Deus! Ei creio, adoro, espero e amo-Vos. Peço-Vos perdão para os que não crêem, não adoram, não esperam e Vos não amam.” Carmelo de Coimbra, Un caminho sob o olhar de Maria. Biografia da Irmã Maria Lúcia de Jesus e do Coração Imaculado O.C.D. (Marco de Canaveses: Ediçoes Carmelo, 2013), p. 37. [Carmelo de Coimbra]. English translation: Carmel of Coimbra, A Pathway under the Gaze of Mary: Biography of Sister Maria Lucia of Jesus and the Immaculate O.C.D., ed. Barbara Ernster and Mary Kay Fier (Washington, NJ: World Apostolate of Fatima, USA, 2015), p. 46. [Carmelo de Coimbra Eng].

[5] “Orai assim. Os Corações de Jesus e Maria estão atentos à voz das vossas súplicas.” Carmelo de Coimbra, p. 37. English translation: Carmelo de Coimbra Eng, p. 46.

[6] “Oferecei constantemente, ao Altíssimo, orações e sacrifícios.” Carmelo de Coimbra, p. 37. English translatio: Carmelo de Coimbra Eng, p. 46.

[7] “De tudo que puderdes, oferecei a Deus sacrifício em acto de reparação pelos pecados com que Ele è ofendido e súplica pela conversão dos pecadores. Atraí assim, sobre a vossa Pátria, a paz.

Eu sou o Anjo da sua guarda, o Anjo de Portugal. Sobretudo, aceitai e suportai, com submissão, o sofrimento que o Senhor vos enviar.” Carmelo de Coimbra, pp. 37-38. English translation: Carmelo de Coimbra Eng, p. 47.

[8] “… o anjo que tem nas mãos um cálice com uma Hóstia suspensa sobre ele e da qual caem algumas gotas de Sangue.” Carmelo de Coimbra, p. 39. English translation: Carmelo de Coimbra Eng, p. 47.

[9] “Santíssima Trindade, Padre, Filho, Espírito santo, adoro-Vos profundamente e ofereço-Vos o preciosíssimo Corpo, Sangue, Alma e Divindade de Jesus Cristo, presente em todos os Sacrários da terra, em reparação dos ultrajes, sacrilégios e indiferenças com que El mesmo é ofendido. E pelos méritos infinitos do Seu Santíssimo Coração e do Coração Imaculado de Maria, peço-Vos a conversão dos pobres pecadores.” Carmelo de Coimbra, p. 39. English translation: Carmelo de Coimbra Eng, p. 50.

[10] “Tomai e bebei o Corpo e Sangue de Jesus Cristo, horrivelmente ultrajado pelos homens ingratos. Reparai os seus crimes e consolai o vosso Deus.” Carmel de Coimbra, p. 39. English translation: Carmelo de Coimbra Eng, p. 50.

[11] “Vistes o inferno, para onde vão as almas dos pobres pecadores; para as salvar, Deus quer estabelecer no mundo a devoção a Meu Imaculado Coração. Se fizerem o que Eu vos disser, salvar-se-ão muitas almas e terão paz, A guerra vai acabar. Mas, se não deixarem de offender a Deus, no reinado de Pio XI começará outra pior. Quando virdes uma noite alumiada por uma luz desconhecida, sabei que é o grande sinal que Deus vos dá de que vai a punir o mundo de seus crimes, por meio da guerra, da forme de de perseguições à igreja e ao Santo Padre.” Carmelo de Coimbra, p. 63. English translation: Carmelo de Coimbra Eng, p. 68.

[12] “Para a impeder, virei a consgração da Rússia a Meu Imaculado Coração e a Comunhão reparadora nos primeiros sábados. Se artenderem a Meus pedidos, a Rússia se converterá e tarão paz, se não, espalhará seus eroos pelo mundo, promovendo guerras e perseguições à Igreja. Os bons serão martirizados, o Santo Padre terá muito que sofrer, várias nações serão aniquiladas.

Por fim, o Meu Imaculado Coração triunfará. O Santo Padre consagrar-Me-á a Rússia que se converterá e será concedido ao mundo algum tempo de paz. Em Portugal se conservará sempre o dogma da Fé, etc.” Carmelo de Coimbra, pp. 63-64. English translation: Carmelo de Coimbra Eng, pp. 68-69.

[13] “… um Anjo com uma espada de fogo.” Carmelo de Coimbra, p. 64. English translation: Carmelo de Coimbra Eng, p. 69.

[14] “O Anjo apontando com a mão direita a terra, com voz forte disse: Penitência, Penitência, Penitência!” Carmelo de Coimbra, p. 64. English translation: Carmelo de Coimbra Eng, p. 69.

[15] “… uma grande Cruz de troncos toscos como se fora de sobreiro com a casca… estavam dois Anjos cada um com um regador de cristale em a mão, neles recolhiam o sangue dos Mártires e com ele regavam as almas que se aproximavam de Deus.” Carmelo de Coimbra, p. 64. English translation: Carmelo de Coimbra Eng, p. 69.

[16] “Quando rezais o terço, dizei, depois de cada mistério: Ó meu Jesus, perdoai-nos, livrai-nos do fogo do inferno; levai as alminhas todas para o Céu, principalmente acquelas que mais precisarem.” Carmelo de Coimbra, p. 65. English translation: Carmelo de Coimbra Eng, pp. 69-70.

[17] “… seis meses seguidos, no dia 13 a esta mesma hora.” Carmelo de Coimbra, p. 50. English translation: Carmelo de Coimbra Eng, p. 58.

[18] “… em acto de reparação pelos pecados com que Ele é ofendido e de súplica pela conversão dos pecadores.” Carmelo de Coimbra, p. 51. English translation: Carmelo de Coimbra Eng, p. 58.

[19] “… teu refúgio … o caminho.” Carmelo de Coimbra, p. 57. English translation: Carmelo de Coimbra Eng, p. 63.

[20] “… farei o milagre, para que todos acreditem.” Carmelo de Coimbra, p. 78. English translation: Carmelo de Coimbra Eng, p. 81.

[21] “Em Outubro virá também Nosso Snehor, Nossa Senhora das Dores e do Carmo, S. José com o Menino Jesus para abençoarem o Mundo.” Carmelo de Coimbra, p. 84. English translation: Carmelo de Coimbra Eng, p. 86.

[22] “Son contenu … ne concerne que notre foi. Identifier le Secret avec des annonces catastrophiques ou avec un holocauste nucléaire, c’est déformer le sens du message.

La perte de la foi d’un continent est pire que l’anéantissement d’une nation: il est vrai que la foi diminue continuellement en Europe.” Frère Michel de la Sainte Trinité des Petits Frères du Sacré-Cœur, Toute la verité sur Fatima, Le troisième secret (1942-1960) (Saint-Parres-lès Vaudes, France: Renaissance Catholique Contre-Réforme Catholique, 1985, p. 453. [Toute la verité]. English translation: Frère Michel de la Sainte Trinité, The Whole Truth about Fatima, Volume Three: The Third Secret (1942-1960), tr. John Collorafi (Buffalo, NY: Immaculate Heart Publications, 1990), p. 676. [Toute la verité Eng].

[23] “Bref, le triomphe du Cœur Immaculé de Marie se réfère sans doute bien plus encore au troisième Secret qu’au second. Car la paix recouvrée sera un don du Ciel, mais non à proprement parler le triomphe du Cœur Immaculé de Marie. Sa victoire est d’un autre ordre, surnaturel, et temporel par surcroît. Ce sera d’abord la victoire de la foi, que mettra fin aux temps de l’apostasie et de la grande défaillance des pasteurs de l’Église.” Toute la verité, p. 552. English translation: Toute la verité Eng, pp. 816-817.

[24] “… apostasia importat retrocessionem quandam a Deo. Quae quidem diversimode fit secundum diversos modos quibus homo Deo coniungitur… Sed si a fide discedat, tunc omnino a Deo retrocedere videtur. Et ideo simpliciter et absolute est apostasia per quam aliquis dicedit a fide, quae vocatur apostasia perfidiae. Et per hunc modum apostasia simpliciter dicta ad infidelitatem pertinet.” Summa Theologica, II-II, q. 12. English translation: St. Thomas Aquinas. Summa Theologica, tr. Fathers of the English Dominican Province (Westminster, MD: Christian Classics, 1948), Vol. 3, p. 1222. [ST Eng].

[25] “… ad fidem pertinet non solum credulitas cordis, sed etiam protestatio interioris fidei per exteriora verba et facta: nam confessio est actus fidei. Et per hunc etiam modum quaedam exteriora verba vel opera ad infidelitatem pertinent, inquantum sunt infidelitatis signa, per modum quo signum sanitatis sanum dicitur… Sicut ergo, sublata vita corporali, omnia membra et partes hominis a debita dispositione recedunt; ita, sublata vita iustitiae, quae est per fidem, apparet inordinatio in omnibus membris. Et primo quidem in ore, per quod maxime manifestatur cor; secundo, in oculis; tertio, in instrumentis motus; quarto, in voluntate, quae ad malum tendit. Et ex his sequitur quod iurgia seminet, alios intendens separare a fide, sicut et ipse recessit.” Summa Theologica, II-II, q. 12, ad 2. English translation: ST Eng, Vol. 3, p. 1223.

[26] “… totalis defectio a fede christiana voluntarie olim recepta.” Dominicus M. Prümmer, Manuale Theologiae Moralis secundum principia S. Thomas Aquinatis, Tomus I (Freiburg im Breisgau: Herder & Co., 1923), p. 349.

[27] “… post baptismum in Ecclesia catholica susceptum penitus a fide deficiat.” Prümmer, p. 349.

[28] Cf. Prümmer, p. 349.

[29] “Dein, ut praetereamus cetera, terrebat Nos, quam quod maxime, ea quae modo est humani generis conditio afflictissima. Quem enim lateat, consociationem hominum gravissimo nunc, supra praeteritas aetates, atque intimo urgeri morbo; qui in dies ingravescens eamque penitus exedens, ad exitium rapit? Morbus qui sit, intelligitis, Venerabiles Fratres: defectio abscessioque a Deo; quo nihil profecto cum pernicie coniunctius, secundum Prophetae dictum: «Quia ecce, qui elongant se a te, peribunt» (Ps 72, 27).” Pius PP. X, Litterae Encyclicae E supremi apostolatus, 4 Octobris 1903, Enchiridion delle Encicliche, Vol. 4 (Bologna : Edizioni Dehoniane Bologna, 1998), p. 20, n. 2. English translation:

http://w2.vatican.va/content/pius-x/en/encyclicals/documents/hf_p-x_enc_04101903_e-supremi.html, p. 2, no. 3.

[30] “Qua in re ut moram ne interponamus illud in primis exigit, quod fautores errorum iam non inter apertos hostes quaerendi sunt modo; verum, quod dolendum maxime verendumque est, in ipso latent sinu gremioque Ecclesiae, eo sane nocentiores, quo minus perspicui. – Loquimur, Venerabiles Fratres, de multis e catholicorum laicorum numero, quin, quod longe miserabilius, ex ipso sacerdotum coetu, qui, fucoso quodam Ecclesiae amore, nullo solido philosophiae ac theologiae praesidio, immo adeo venenatis imbuti penitus doctrinis quae ab Ecclesiae osoribus traduntur, Ecclesiae eiusdem renovatores, omni posthabita modestia animi, se iactitant; factoque audacius agmine, quidquid sanctius est in Christi opere impetunt, ipsa haud incolumi divini Reparatoris persona, quam, ausu sacrilego, ad purum putumque hominem extenuant.” Pius PP. X, Litterae Encyclicae Pascendi Dominici gregis, 8 Septembris 1907, Enchiridion delle Encicliche, Vol. 4 (Bologna : Edizioni Dehoniane Bologna, 1998), pp. 206 and 208, n. 191. English translation: http://w2.vatican.va/content/pius-x/en/encyclicals/documents/hf_p-x_enc_19070908_pascendi-dominici-gregis.html, p. 1, no. 2.

[31] “… le fidèle fait connaitre par une déclaration catégorique ou par des actes qui équivalent à une déclaration, qu’il renonce à la foi catholique.” Dictionnaire de Théologie Catholique, Tome premier (Paris: Letouzey et Ané, 1903), col. 1603. [Hereafter, DTC].

[32] “… quand un chrétien, sans signifier formellement qu’il renonce à sa croyance, prétendant même garder son titre de chrétien, se conduit de telle sorte qu’on peut conclure sûrement qu’il est devenu étranger à la foi.” DTC, col. 1603.

[33] “Il y a dans ces manifestations extérieures, quand elles sont réfléchies et surtout répétées, la preuve que la foi a disparu des cœurs qui s’en rendent coupables.” DTC, col. 1603.

[34] “L’apostasie est un péché contre la foi, puisqu’elle rejette la doctrine révélée ; contra la religion, puisqu’elle refuse à Dieu le culte vrai ; contre la justice, puisqu’elle foule aux pieds les promesses du chrétien.” DTC, col. 1604.

[35] “Ce « suicide religieux » est, après la haine de Dieu, le plus grave des péchés, parce que plus complètement et plus définitivement que les fautes simplement opposées aux vertus morales, il sépare de Dieu le puissances de l’âme humaine, intelligence et volonté.” DTC, col. 1604.

[36] Cf. Jn 4, 23-24.

[37] “E como é que se apresenta hoje diante da Santa Mãe que gerou o Filho de Deus, no seu Santuário de Fátima, João Paulo II, sucessor de Pedro e continuador de obra de Pio, de João e de Paulo e particular herdeiro do Concilio Vaticano II?

Apresenta-se com ansiedade, a fazer a releitura daquele chamamento materno à penitência e à conversão, daquele apelo ardente do Coração de Maria, que se fez ouvir aqui en Fátima, há sessenta e cinco anos. Sim, relê-o, com o coração amargurado, porque vê quantos homens, quantas sociedades e quantos cristãos foram indo em direcção oposta àquela que foi indicada pela mensagem de Fátima. O pecado adquiriu assim um forte direito de cidadania e a negação de Deus difundiu-se nas ideologias, nas concepções e nos programas humanos!

E precisamente por isso, o convite evangélico à penitência e à conversão, espresso com as palavras da Mãe, continua ainda actual. Mais actual mesmo do que há sessenta e cinco anos atrás. E até mais urgente….

O sucessor de Pedro apresenta-se aqui também como tesemunha dos imensos sofrimentos do homem, como testemunha das ameaças quase apocalípticas, que pesam sobre as nações e sobre a humanidade. E procura abraçar esses sofrimentos com o seu fraco coração humano, ao mesmo tempo que se põe bem diante do misério do Coração: do Coração da Mãe, do Coração Imaculado de Maria.

Em virtude desses sofrimentos, com a consciência do mal que alastra pelo mundo e ameaça o homem, as nações e a humanidade, o sucessor de Pedro apresenta-se aqui com uma fé maior na redenção do mundo: fé naquele Amor salvíficio que è sempre maior, sempre mais forte do que todos os males.

Assim, se por um lado o coração se confrange, pelo sentido do pecado do mundo, bem como pela série de ameaças que aumentam no mundo, por outro lado, o mesmo coração humano sente-se dilatar com a esperança, ao pôr em prática uma vez mais aquilo que os meus Predecessores já fizeram: consagrar o mundo ao Coração de Mãe, consagrar-Lhe especialmente aqueles povos que, do modo particular, tenhm necessidade disso. Este acto equivale a consagrar o mundo Àquele que è Santidade infinita. Esta Santidade significa redenção, significa amor mais forte do que o mal. Jamas algum «pecado do mundo» poderá superar este Amor.” Ioannes Paulus PP. II, “Ad Lusitaniae episcopos in aedibus Sanctuariii Fatimensis coram admissos,” die 13 Maii 1982, Acta Apostolicae Sedis 74 (1982), p. 908, n. 11. English translation: L’Osservatore Romano, Weekly Edition in English, 17 May 1982.

[38] Jn 7, 38.

[39] Jn 2, 5.