MÉDITATIONS SUR LES MYSTÈRES DOULOUREUX

AVEC SAINT FRANÇOIS DE SALES

PREMIER MYSTÈRE DOULOUREUX : L'Agonie de N.-S. J.-C. au Jardin des oliviers.
(fruit du mystère  : La contrition de nos péchés)

Traité de l’amour de Dieu, Livre IX, chap.4
De l'union de notre volonté au bon plaisir divin, ès afflictions spirituelles, par la résignation.

" Il est ainsi, Théotime. L'âme est quelquefois tellement pressée d'afflictions intérieures, que toutes ses facultés et puissances en sont accablées par la privation de tout ce qui la peut alléger, et par l'appréhension et impression de tout ce qui la peut attrister.
Ainsi, à l'imitation de son Sauveur, elle commence à s'ennuyer, à craindre (Mc XIV, 33) à s'épouvanter, puis à s'attrister (Mt XXVI, 37) ; d'une tristesse pareille à celle des mourants, dont elle peut bien dire  : Mon âme est triste jusqu’à la mort (Mt XXVI, 38)  ; et du consentement de tout son intérieur elle désire, demande et supplie que, s'il est possible, ce calice soit éloigné d'elle (Mt XXVI,39), ne lui restant plus que la fine suprême pointe de l'esprit, laquelle attachée au cœur et bon plaisir de Dieu, dit par un très simple acquiescement : O Père éternel, mais toutefois, que ma volonté ne soit pas faite, mais la vôtre (Lc XXII, 42).
Et c'est l'importance que l'âme fait cette résignation parmi tant de troubles, entre tant de contradictions et répugnances, qu'elle ne s'aperçoit presque pas de la faire ; au moins lui est-il advis que c'est si faiblement, que ce ne soit pas de bon cœur, ni comme il est convenable, puisque ce qui se passe alors pour le bon plaisir divin, se fait non seulement sans plaisir et contentement, mais contre tout le plaisir et contentement de tout le reste du cœur, auquel l'amour permet bien de se plaindre, au moins de ce qu'il ne se peut pas plaindre, et de dire toutes les lamentations de Job et de Jérémie, mais à la charge que toujours le sacré acquiescement se fasse dans le fond de l'âme, en la suprême et plus délicate pointe de l'esprit, et cet acquiescement n'est pas tendre ni doux, ni presque pas sensible, bien qu'il soit véritable, fort, indomptable et très amoureux, et semble qu'il soit retiré au fin bout de l'esprit comme dans le donjon de la forteresse où il demeure courageux, quoique tout le reste soit pris et pressé de tristesse. Et plus l'amour en cet état est dénué de tout secours, abandonné, de toute l'assistance des vertus et facultés de l'âme, plus il en est estimable de garder si constamment sa fidélité.

Cette union et conformité au bon plaisir divin se fait on par la sainte résignation, ou par la très sainte indifférence. "

Traité de l’amour de Dieu, Livre II, chap. 10

" Théotime, parmi les tribulations et regrets d'une vive repentance, Dieu met bien souvent dans le fond de notre cœur le feu sacré de son amour ; puis cet amour se convertit en l'eau de plusieurs larmes, lesquelles, par un second changement, se convertissent en un autre plus grand feu d'amour. Ainsi, la célèbre amante repentie aima premièrement son Sauveur, et cet amour se convertit en pleurs, et ces pleurs en un amour excellent  : dont Notre-Seigneur dit que plusieurs péchés lui étaient remis, parce qu'elle avait beaucoup aimé (Lc VII, 47).

Et comme nous voyons que le feu convertit le vin en une eau que presque partout on appelle eau-de-vie, laquelle conçoit et nourrit si aisément le feu que pour cela on la nomme aussi, en plusieurs endroits, ‘ardente’, de même la considération amoureuse de la Bonté, laquelle étant souverainement aimable a été offensée par le péché, produit l'eau de la sainte pénitence ; puis, de cette eau provient réciproquement le feu de l'amour divin, dont on la peut proprement appeler eau-de-vie, et ardente  : elle est certes une eau en sa substance, car la pénitence n'est autre chose qu'un vrai déplaisir, une réelle douleur et repentance ; mais elle est néanmoins ardente, parce qu'elle contient la vertu et propriété de l'amour, comme provenue d'un motif amoureux, et par cette propriété elle donne la vie de la grâce. "

Sermon pour la fête de sainte Marie-Madeleine, 2 juillet 1621

" Marie-Madeleine (…) entra en la maison du Pharisien où elle savait que son doux Maître était, et se jetant à ses pieds, elle pleura ses péchés en telle sorte qu’ils lui furent tous pardonnés (Lc VII, 36-48). Là, elle regarda et fut regardée du Sauveur, et tellement navrée de son amour qu’elle fit à cet instant une entière conversion qui, par la véhémence et force de cet amour, passa jusque à la transformation de son esprit et de son cœur dans celui de son Dieu. Par conséquent, il se communiqua à elle en une façon très intime et abondante, tellement que de grande pécheresse qu’elle était elle devint une grande Sainte. "

DEUXIÈME MYSTÈRE DOULOUREUX : LA FLAGELLATION DE NOTRE-SEIGNEUR
(fruit du mystère  : la mortification corporelle)

Traité de l’amour de Dieu, IX, 16

" Représentons-nous le doux Jésus, Théotime, chez Pilate, ou, pour l’amour de nous, les gens d’armes, ministres de la mort, le dévêtirent de tous ses habits l’un après l’autre, et non content de cela lui ôtèrent encore sa peau, la déchirant à coups de verges et de fouets. "

" L’amour fit tout cela, Théotime  ; et c’est l’amour aussi qui, entrant en une âme afin de la faire heureusement mourir à soi et revivre à Dieu, la fait dépouiller de tous les désirs humains et de l’estime de soi-même, qui n’est pas moins attachée à l’esprit que la peau à la chair, et la dénude enfin des affections plus aimables, comme celles qu’elle avait aux consolations spirituelles, aux exercices de piété et à la perfection des vertus, qui semblaient être la propre vie de l’âme dévote. "

Sermon pour la fête de la circoncision, (1 janvier 1622) X, 160

" Notre Seigneur paie nos dettes avec aucune autre monnaie que celle de son précieux sang. "

Sermon de saint François de Sales pour le mercredi des cendres (9 fév.1622)

" ce n'est pas notre bouche seule qui a péché, mais encore tous nos autres sens, il est requis que notre [mortification] (jeûne) soit général et entier, c'est-à-dire que nous [mortifions] (fassions jeûner) tous les membres de notre corps, car si nous avons offensé Dieu par les yeux, par les oreilles, par la langue et par nos autres sens, pourquoi ne les ferons-nous pas jeûner ? (..)
Combien de péchés sont entrés en l'âme par :

- les yeux, que la Sainte Écriture (I Joan., II, 16) marque pour la concupiscence de la vue ? C'est pourquoi il les faut faire jeûner, les portant bas et ne leur permettant pas de regarder des objets frivoles et illicites  ;
- les oreilles, les privant d'entendre les discours vains qui ne servent qu'à remplir l'esprit d'images mondaines  ;
- la langue, en ne disant point des paroles oiseuses et qui ressentent le monde ou les choses d'iceluy. On doit aussi retrancher les discours inutiles de l'entendement, ainsi que les vaines représentations de notre mémoire, les appétits et désirs superflus de notre volonté, en somme lui tenir la bride afin qu'elle n'aime ni ne tende qu'au souverain Bien ; et par ce moyen nous accompagnerons le jeûne extérieur de l'intérieur.

TROISIÈME MYSTÈRE DOULOUREUX : LE COURONNEMENT D'ÉPINES DE NOTRE SEIGNEUR
(fruit du mystère  : la mortification de l'esprit  : du cœur, du jugement propre.)

 Sermon pour le Vendredi-saint, 28 mars 1614 (IX,VI page 39)

" Je considère que les juifs, ayant crucifié Notre-Seigneur tout nu, lui laissèrent la couronne d'épines sur la tête, et je crois, quoi que leur intention ne fut pas telle, que c'était pour témoigner que si bien il paraissait tant méprisé et déshonoré, il ne laissait pas d'être vraiment Roi. Mais notre Maître voulut qu'on lui laissât cette couronne pour nous montrer qu'il faut que nous ayons nos têtes couronnées d'épines par une entière mortification de notre propre jugement, opinions, passions, humeurs et propre volonté   ; car c'est en la tête que l'âme fait ses principales fonctions. "

Sermon pour la Saint Blaise. (Tome IX, page 15)

" il ne se faut point tromper ; car c’est une vérité très certaine, que si nous voulons aller après Notre-Seigneur, et accomplir sa sainte volonté, il faut renoncer absolument et sans réserve à notre nous-mêmes terrestre. "

" renoncer à nous-mêmes, n’est autre chose que se purifier et se purger de tout ce qui se fait par l’instinct de l’amour propre, lequel, comme vous savez, nous produira toujours, tandis que nous serons en cette vie, des rejetons qu’il faudra couper et retrancher tout ainsi comme l’on fait aux vignes. Et comme vous voyez qu’il ne se faut pas contenter d’y mettre la main une fois l’année, mais qu’il la faut couper en un temps, puis après la dépouiller de ses feuilles en un autre, et qu’ainsi plusieurs fois l’année il faut avoir la main à la serpe, soit pour la tailler, on pour en retrancher les superfluités. "

QUATRIÈME MYSTÈRE DOULOUREUX
  : LE PORTEMENT DE CROIX (fruit du mystère  : la patience dans les épreuves)

Introduction à la vie dévote  : Chapitre III  : de la patience

" Ressouvenez-vous souvent que Notre-Seigneur nous a sauvés en souffrant et endurant, et que de même, nous devons faire notre salut par les souffrances et afflictions, endurants les injures, contradictions et déplaisirs avec le plus de douceur qu'il nous sera possible. Ne bornez point votre patience à telle ou telle sorte d'injures et d'afflictions, mais étendez-là universellement à toutes celles que Dieu vous enverra et permettra vous arriver. "

" Plaignez-vous le moins que vous pourrez des torts qui vous seront faits  ; car c'est chose certaine que pour l'ordinaire, qui se plaint pèche, d'autant que l'amour propre nous fait toujours ressentir les injures plus grandes qu'elles ne sont… "

" Le vrai patient ne se plaint point de son mal ni ne désire qu'on le plaigne  ; il en parle naïvement, véritablement et simplement, sans se lamenter, sans se plaindre, sans l'agrandir… "

" Voyez souvent de vos yeux intérieurs Jésus Christ crucifié, nu, blasphémé, calomnié, abandonné, et enfin accablé de toutes sortes d'ennuis, de tristesse et de travaux, et considérez que toutes vos souffrances, ni en qualité ni en quantité, ne sont aucunement comparables aux siennes, et que jamais vous ne souffrirez rien pour lui, au prix de ce qu'il a souffert pour vous. "

CINQUIÈME MYSTÈRE DOULOUREUX : LE CRUCIFIEMENT
(fruit du mystère  : le don de soi à l'œuvre de la Rédemption.

Sermon pour le Vendredi-saint, 28 mars 1614 (IX,VI page 39)

" Notre-Seigneur a choisi la mort de la croix (Phil. II, 8) pour nous témoigner son amour, d'autant que l'amour qu'il avait pour nous ne pouvait se satisfaire en choisissant une mort plus douce. "

" Rien ne témoigne tant l'amour que de mettre sa vie pour la chose aimée, comme Notre-Seigneur même l'a dit (Jean XV, 13). Chose admirable que Dieu nous ait tant aimés que de laisser mourir son Fils pour nous qui avions mérité la mort (Cf. Jean III, 16 et Rom, V, 8-9)  ! Notre Maître ne s'est pas contenté de mourir pour nous d'une mort commune, mais a choisi la plus pleine d'abjection et d'ignominie qui se pouvait jamais penser. O Dieu, que vos secrets jugements sont admirables et incompréhensibles (Rom, XI, 33)  ! Admirables et très grands sont ceux que nous savons et comprenons, mais bien plus, sans nulle comparaison, sont grands et aimables ceux que nous ne savons pas . Le Fils de Dieu est réduit sur une croix  ; et qui l'y a mis  ? Certes, ç'a été l'amour. Or, puisqu'il est certain qu'il est mort d'amour pour nous, le moins que nous devions faire pour lui c'est de vivre d'amour (2 Cor. V, 14). A l'amour rien n'est impossible   ; il détruira tout ce qui est en nous qui est désagréable à la divine Majesté.

Sermon pour le Dimanche de Quasimodo (tome VIII, page 427)

L’Église, " cette tendre Épouse, fille du Calvaire, née du sang de Jésus, présente toujours à nos yeux les plaies de son divin Époux pour exciter nos cœurs aux sentiments de la plus tendre compassion. Toujours elle veut que la Croix soit le grand objet de nos adorations et de nos hommages.

Ce serait donc s'écarter de son esprit que de penser, qu'en ce temps d'une sainte joie, il faut s'abstenir de prêter l'oreille avec une vive émotion aux coups redoublés des bourreaux qui percent les pieds et les mains de Jésus, qui déchirent sa chair adorable, qui ouvrent ses veines, qui meurtrissent cruellement ses nerfs. L'Église nous invite toujours à fixer nos yeux sur le Crucifix qui nous représente Jésus élevé en croix  ; tout le poids de son corps qui ne porte que sur ses plaies, sa chair et ses veines qui se déchirent de plus en plus, ses nerfs qui se brisent, et ses os qui se disloquent les uns après les autres en sorte qu'on peut les compter, comme l'avait prédit le Prophète  : " Ils ont compté tous mes os. " Ps 21, 18

Ah ! s'écrie saint Bonaventure si une épine seulement nous blesse le pied, nous jetons des cris de douleur ; et comment donc serions-nous insensibles aux maux extrêmes qu'a soufferts notre Chef et notre Seigneur  !

Quoi ! dit encore le même Saint, nous ne pourrions soutenir la vue d'un tourment affreux exercé, je ne dis pas sur un parent ou sur un ami, je ne dis pas sur un homme inconnu, mais sur un vil animal  ; et nous verrions sans douleur l'excès des maux que souffre notre Dieu  !

Que sera-ce donc, ajoute le saint Docteur, si nous réfléchissons que nos péchés sont les bourreaux de Jésus-Christ, que c'est pour nos crimes qu'il a été cloué à la croix, que ce sont nos iniquités qui lui ont fait ces plaies si humiliantes et si douloureuses  ! Quelle profonde tristesse, quelle vive componction, quelle contrition amère ne doit pas s'emparer de notre cœur  !

" Quelles bornes pourrions-nous donner aux transports de notre allégresse, quand nous considérons qu'un Dieu nous a aimés jusqu'à se réduire pour nous à tant d'humiliations et de souffrances  ! "

" Quel est le grand de la terre qui n'éprouverait pas la joie la plus vive, s'il était aimé du roi à un tel point que ce monarque fût prêt à donner sa vie pour lui  ! A combien plus forte raison, nous qui sommes des hommes si méprisables, de si infâmes esclaves, des pécheurs si abominables, devons-nous tressaillir de joie en voyant le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs, notre Créateur et notre Dieu, Jésus, nous aimer jusqu'à s'immoler lui-même pour nous par la mort la plus ignominieuse et la plus cruelle ! "

Sermon pour le Vendredi saint, sur l’obéissance

" il faut obéir pareillement aux grandes et petites choses, aux faciles et aux difficiles, et demeurer fermes, c'est-à-dire attachés à la croix où l'obéissance nous a mis, sans recevoir ni admettre aucune condition pour nous en faire descendre, quelque bonne apparence qu'elle ait. Partant, s'il vous vient des inspirations ou mouvements quels qu'ils soient qui vous portent à faire chose aucune qui vous tire hors de l'obéissance, rejetez-les hardiment et ne les suivez point.

Que les mariés demeurent en la croix de l'obéissance, c'est-à-dire du mariage ; car c'est leur croix la meilleure et celle de la plus grande pratique, d'autant que l'on est presque en perpétuelle action et que les occasions de souffrir y sont plus fréquentes qu'en aucune autre. Ne désirez donc point de descendre de cette croix sous quelque bon prétexte que ce soit  ; mais puisque Dieu vous y a mis demeurez-y sans en sortir.

Que le prélat et celui qui a charge d'âmes ne désire point d'être détaché de cette croix à cause du tracas de mille soucis et empêchements qu'il y rencontre  ; mais qu'il fasse ce qui est de son devoir en son office, ayant soin des âmes que Dieu lui a commises, instruisant les uns, consolant les autres, tantôt parlant, tantôt se taisant, donnant le temps à l'action et, quand il le doit, à la prière. C'est la croix à laquelle Dieu l'a attaché, il faut donc qu'il y demeure ferme, sans croire à ce qui le pourrait provoquer d'en sortir.

Que le religieux reste constamment et fidèlement cloué à la croix de sa vocation, sans jamais laisser entrer la moindre pensée qui le puisse divertir ni faire varier en l'entreprise qu'il a faite de servir Dieu en cette manière de vivre, ni moins qu'il n'écoute jamais ce qui le porterait à faire ce qui serait contraire à l'obéissance. "

Traité de l’amour de Dieu. XII, c. 13 :

Que le mont Calvaire est la vraie académie de la dilection.

" Théotime, le mont Calvaire est le mont des amants. Tout amour qui ne prend son origine de la Passion du Sauveur est frivole et périlleux. Malheureuse est la mort sans l'amour du Sauveur  : malheureux est l'amour sans la mort du Sauveur. L'amour et la mort sont tellement mêlés ensemble en la Passion du Sauveur, qu'on ne peut avoir au cœur l'un sans l'autre. Sur le Calvaire, on ne peut avoir la vie sans l'amour, ni l'amour sans la mort du Rédempteur. Mais hors de là tout est ou mort éternelle, ou amour éternel ; et toute la sagesse chrétienne consiste à bien choisir ; et pour vous aider à cela, j'ai dressé cet écrit, mon Théotime  :

Il faut choisir, ô mortel, En cette vie mortelle, Ou bien l'amour éternel, ou bien la mort éternelle. L'ordonnance du grand Dieu ne laisse point de milieu.

O amour éternel  ! mon âme vous requiert et vous choisit éternellement  ! Hé  ! venez, Saint-Esprit, et enflammez nos cœurs de votre dilection. Ou aimer ou mourir : mourir et aimer. Mourir à tout autre amour, pour vivre à celui de Jésus, afin que nous ne mourions point éternellement ; mais que vivant en votre amour éternel, ô Sauveur de nos âmes, nous chantions éternellement : Vive Jésus  ! J'aime Jésus ! Vive Jésus que j'aime  !

J'aime Jésus qui vit et règne ès siècles des siècles. Amen. "