Les très beaux sermon de Mgr Burke et de Dom Forgeot

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SERMON
prononcé par le Rév.me Père Abbé de Notre-Dame de Fontgombault, Dom Forgeot m. b.,
lors de la Messe votive pontificale de Notre-Seigneur Jésus-Christ Eternel et Souverain Prêtre
célébrée à Gricigliano le 2 septembre 2010 au cours du Chapitre de l’Institut

 

Cher Monseigneur,

Chers Frères Prêtres,

Chers séminaristes,

Chères Sœurs,

 

L’offrande du sacrifice eucharistique est le meilleur moyen de remercier Dieu pour ses bienfaits, aussi il nous est bon de nous retrouver autour de cet autel dans cette belle chapelle, dans l’action de grâce pour les 20 ans que votre Institut a déjà passés dans ces lieux. De tout cœur, je vous dis « ad multos annos », en vous souhaitant de poursuivre votre fécond labeur au service de la Sainte Eglise, au service du sacerdoce, particulièrement dans la formation des futurs prêtres appelés à être « les apôtres des derniers temps » entrevus par saint Louis-Marie Grignon de Monfort qui les décrit comme « ayant dans leur bouche le glaive à deux tranchants de la parole de Dieu ; portant sur leurs épaules l’étendard ensanglanté de la Croix, le crucifix dans la main droite, le chapelet dans la gauche, les Sacrés noms de Jésus et de Marie sur leur cœur, et la modestie et mortification de Jésus-Christ dans toute leur conduite » (V. D. 59).

Il ne faut pas moins, en effet, pour servir et honorer le sacerdoce du Christ dont le saint Curé d’Ars disait qu’il « est l’amour du Cœur de Jésus ».

L’année sacerdotale voulue par le Saint-Père, et si magnifiquement clôturée en la fête du Sacré-Cœur, continue, et continuera longtemps encore –espérons-le– à porter des fruits de grâces ; ses ondes surnaturelles continuent à se propager pour l’honneur du Christ, Souverain Prêtre, et pour l’avancement spirituel de ses ministres, les prêtres.

Les lectures de la messe votive de ce jour mettent en valeur le sacerdoce du Christ, le Christ comme unique et Souverain Prêtre. Le Verbe Incarné, vrai Dieu et vrai homme est apte, et lui seul est parfaitement apte, par ce mystère de l’union hypostatique, à offrir à son Père le seul sacrifice capable d’expier tous les péchés du monde et, par là, de réconcilier l’humanité avec son Créateur ; sur la Croix il a fait toutes choses nouvelles, il a scellé dans son Sang la nouvelle et éternelle alliance. Et nous savons à quel prix, à quel grand prix, dit saint Paul, Notre-Seigneur a accompli cette grande œuvre de salut, étant lui-même à la fois le Prêtre et la Victime du sacrifice rédempteur. « C’est lui, dit l’auteur de l’Epître aux Hébreux, qui, dans les jours de sa chair, ayant avec de grands cris et des larmes offert des prières et des supplications à Celui qui pouvait le sauver de la mort, et ayant été sauvé pour sa piété, a appris, tout fils qu’il est, par ses propres souffrances, ce que c’est qu’obéir ; et maintenant que le voilà au terme, il sauve à jamais tous ceux qui lui obéissent, Dieu l’ayant déclaré « grand prêtre selon l’ordre de Melchisédech » (He. 5, 7-10). Il est, dit encore la même lettre aux Hébreux : « le grand prêtre qu’il nous fallait, saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs et élevé au-dessus des cieux » (id. 7, 26).

        Il a voulu que le sacrifice sanglant qu’il a offert une fois pour toutes soit perpétué dans l’Eglise et jusqu’à la fin des temps ; c’est la sainte Messe dont il a confié la célébration aux prêtres. A la fin de la dernière Cène qui était la première messe, lorsqu’il a changé le pain et le vin en son corps et en son sang qui devaient être immolés quelques heures plus tard, il a ajouté : « Faites ceci en mémoire de moi », instituant ainsi le sacrement de l’Ordre. De la sorte, le prêtre est devenu, en toute vérité, un « alter Christus » agissant « in persona Christi » à l’autel. Comme le rappelle la collecte de cette messe nous sommes les « dispensatores mysteriorum Dei » ; il convient donc que nous soyons fidèles et que nous nous attachions à suivre le Christ en tout et partout, dans le don sans réserve de nous-mêmes, dans l’imitation aussi précise que possible de Celui qui nous a dit qu’il est « doux et humble de cœur ». N’est-ce pas ce qui nous a été recommandé le jour de notre ordination : « agnosce quod agis ; imitare quod tractas » ? En d’autres termes, le Saint-Père –encore cardinal Ratzinger– disait chose semblable en 1990 : « La charge effrayante de l’Eucharistie réside en ce que le prêtre a le droit de parler avec le « je » du Christ. Devenir prêtre et être prêtre implique un constant mouvement vers une telle identification. Nous n’en avons jamais fini, mais si nous le cherchons, nous sommes sur la bonne voie : la voie de Dieu et de l’homme, la voie de l’amour » (Mgr Bagnard, Le curé d’Ars, portrait d’un pasteur, p. 62-63).

        Tel est le programme de notre vie de prêtres : suivre la Christ, offrir son sacrifice en nous y unissant par l’offrande généreuse et totale de nous-mêmes, par amour de Dieu et pour sa gloire, et pour le salut de monde.

        C’est un vaste programme que nous ne réaliserons jamais par nous-mêmes, mais auquel nous devons travailler sans relâche, jour après jour, en nous appuyant sur la grâce divine qui ne fait jamais défaut, « gratia Dei mecum », dit saint Paul ; il dit aussi, et cela nous console dans les moments où notre faiblesse se fait plus pesante : « omnia possum in Eo qui me confortat ». Et nous pouvons ajouter : « omnia possum in Ea qui me confortat », car la sainte Vierge est la mère du sacerdoce, et les prêtres sont ses fils de prédilection ; elle est  pour eux, plus que pour quiconque, la toute-puissance suppliante –omnipotentia supplex.

        La Mère Louise-Marguerite Claret de la Touche, si dévouée pour la sanctification des prêtres, conformément à la demande expresse de Notre-Seigneur, a écrit : « Ce que Marie était pour son Jésus, elle l’est pour le prêtre ; elle est mère, mère aimante, secourable, dévouée. Ce que Jésus était pour la Vierge sa Mère, le prêtre aussi doit l’être pour Marie, fils obéissant, respectueux, plein d’amour » (Le Cœur de Jésus et le prêtre, pp. 115-116). Amen.

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SERMON
prononcé par S. E. R. Mgr R. –L. Burke
lors de la Messe votive pontificale du Sacré-Cœur
célébrée à Gricigliano le 3 septembre 2010 au cours du Chapitre de l’Institut

 

Cher Monseigneur le Prieur Général,
 

Chers chanoines et sœurs adoratrices,
 

     En célébrant le chapitre annuel de l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre, à l’occasion du vingtième anniversaire de sa fondation, nous contemplons très directement le Cœur transpercé et glorieux de notre Seigneur Jésus-Christ, la source du don du Saint-Esprit pour la fondation de cet Institut, et la source de la vocation de chacun de ses membres. C’est, en quelque sorte, du Sacré-Cœur de Jésus que cet Institut, et chacun de ses membres, trouve la force, chaque jour, de répondre aux inspirations du Saint Esprit, avec courage et un cœur indivis.

Avec la Très Sainte Vierge Marie, l’apôtre Saint Jean, les Adoratrices du Cœur Royal de Jésus Souverain Prêtre, les Chanoines et les Oblats de l’Institut, se tiennent mystiquement aux pieds de la Croix, regardant vers le Christ, duquel la Vraie Vie est sortie à grands flots pour notre Salut. Vous regardez vers le Christ qui a permis, alors qu’il était déjà mort sur la Croix, que le soldat romain lui perce le côté avec une lance. Vous voyez le Sang et l’eau jaillir de son côté percé, qui sont les signes de l’incessant et incommensurable épanchement de la Grâce Divine de Son Sacré-Cœur, dans vos âmes, très spécialement pour répondre à votre vocation et la vivre. (cf. Io. 19, 34-37).

     En unissant vos cœurs au Sacré-Cœur de Jésus dans Son sacrifice eucharistique, vous reconnaissez dans vos vies la réponse de Dieu à la prière de Saint Paul pour les fidèles d’Ephèse : vous reconnaissez la Vérité qui est le Christ, qui “ habite dans vos cœurs par la foi“ et cette inhabitation intime du Christ en vos cœurs à travers l’épanchement du Saint-Esprit, est une participation au grand mystère de l’Amour du Père pour toute chose, sans limite, et sans fin (Ephes. 3, 17).  Ne faisant qu’un avec le Sacré-Cœur de Jésus, vous grandissez dans la connaissance du mystère de l’Amour du Père, et, dans le même temps, vous êtes remplis par le don du même pur et noble amour. C’est seulement par la connaissance de ce mystère de la Foi, dans la connaissance de l’Amour que nous porte le Père en Son Fils unique, que nous pouvons comprendre la beauté du don du Saint-Esprit pour la fondation de l’Institut et la beauté de la vocation divine de chacun de ses membres.   

     Contemplant le glorieux Cœur percé de Notre-Seigneur, et élevant nos pauvres cœurs de pécheurs jusqu’à Lui, dans le sacrifice eucharistique, nous sommes profondément conscients que l’Institut lui-même, et la vocation à l’intérieur de cet Institut, sont un don de la Grâce Divine. Ce n’est pas votre œuvre, mais l’œuvre du Christ vivant dans Son Eglise, par-dessus tout pour les âmes, et sauver les âmes par le “sang et l’eau“ qui coulent de Son côté percé, Lui qui siège à la droite du Père (cf. Io. 19, 28 et 34). Vous comprenez alors que répondre à la grâce de votre vocation signifie recevoir l’abondance de l’effusion de la grâce dans vos vies, avec le Christ.

     Dans le même temps, face à la sécularisation totale de notre société et des péchés actuels, vous ne devez pas laisser libre cours à la tentation du découragement ou de la défaite, vos cœurs, unis au Sacré Cœur de Jésus, étant confiants dans la victoire de Jésus sur la mort et le péché, et de Sa victoire éternelle. A travers les Sacrements de l’Eucharistie et de Pénitence, et par le truchement de vos prières quotidiennes et de vos actes de dévotion, vous recevrez la force de surpasser les tentations qui pourraient vous arracher la joie et la paix de votre vie dans le Christ.

Dans le Sacrifice eucharistique, et dans le Cœur eucharistique de Jésus, vous contemplez la source du don de l’Institut lui-même, mais aussi celui de votre vocation comme membres de cet Institut. A travers le Sacrifice Eucharistique, vous recevez ces dons renouvelés, avec sincérité et intégrité. La Sainte Eucharistie, le Très Saint-Sacrement, sont le cœur de la vie de l’Institut et de la vie propre de chacun de ses membres. A la Sainte Eucharistie est indéfectiblement lié le sacrement de Pénitence, par lequel nos péchés, commis après le Baptême sont effacés, et par lequel nous sommes disposés à unir nos cœurs au Divin Cœur de Jésus, spécialement à travers le Sacrifice Eucharistique. Le Sacrement de Pénitence nous dispose aussi à renouveler notre conversion de vie quotidienne, parce que nous suivons ainsi fidèlement l’appel de Notre-Seigneur, qui nous choisis, afin que nous portions d’abondants fruits spirituels dans le monde. (cf. Io. 15, 16).

     La contemplation des plaies glorieuses de ce Cœur de Jésus nous fait également découvrir le don de la double vocation particulière de chanoine et d’adoratrice dans ce même Institut. Comme Notre-Seigneur, qui, suspendu à la Croix, confie l’apôtre Jean à Sa Mère, et Sa Mère à l’apôtre Jean, vous aussi, Il vous appelle, vous qui êtes les Adoratrices, à être une source spéciale d’inspiration et de force pour les Chanoines par l’offrande toujours plus parfaite de vos cœurs, unis au Cœur Immaculé de Marie, et au Cœur Royal de Jésus Souverain Prêtre. (cf. Io. 19, 26-27).  Dans le même temps, le Christ, Souverain Prêtre, vous appelle, vous qui êtes Chanoines, à pourvoir aux besoins spirituels, à la suite de Son Cœur, et à partir de Son Cœur, de Ses brebis bien-aimées. Les Adoratrices et les Chanoines, comme la Vierge Marie et l’apôtre Saint Jean, doivent se tenir ensemble au pied de la Croix, spécialement au cours du Sacrifice Eucharistique, manifestant la grande beauté de vos vocations, distinctes et complémentaires, dans l’Eglise.

     Remplis de gratitude au moment de la célébration de la clôture de ce Chapitre de l’Institut, à l’occasion du vingtième anniversaire de sa fondation, élevons, sans aucune réserve, nos cœurs jusqu’au Sacré-Cœur de Jésus, toujours prêt à nous recevoir dans Son Sacrifice eucharistique. Unis au Cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ, à la Bienheureuse Vierge Marie, à Saint François de Sales et à tous les saints, offrons à Dieu le Père, de la façon la plus parfaite possible pour nous, sur cette terre, nos prières de louanges et d’action de grâces.
 

Sacré-Cœur de Jésus, fontaine de vie et de sainteté, ayez pitié de nous !

Cœur Immaculé de Marie, priez pour nous !

Saint François de Sales, priez pour nous !