Vendredi de la Semaine de la Passion

 

   Notre-Dame des Sept Douleurs
 

Leçon du Bréviaire Romain

 

 « La piété des derniers temps a consacré d'une manière spéciale cette journée à la mémoire des incomparables douleurs que Marie a ressenties au pied de la Croix de son divin Fils. La semaine suivante est occupée tout entière par la célébration des mystères de la Passion du Sauveur ; et bien que le souvenir de Marie compatissante soit souvent présent au cœur du fidèle qui suit pieusement tous les actes de cette longue et sublime scène, les douleurs du Rédempteur, le spectacle de la justice et de la miséricorde divines s'unissant pour opérer notre salut, préoccupent trop vivement le cœur et la pensée, pour qu'il soit possible d'honorer, comme il le mérite, le profond mystère de la compassion de Marie aux souffrances de Jésus.
Il était donc à propos qu'un jour fût choisi dans l'année pour remplir ce devoir sacré ; et quel jour plus convenable que le Vendredi de la semaine où nous sommes, qui est déjà tout entière vouée au culte de la Passion du Fils de Dieu ? […/…] Le pape Benoît XIII, par un décret du 22 août 1727, l'inscrivit solennellement sur le cycle de l'Eglise catholique, sous le nom de Fête des sept Douleurs de la Bienheureuse Vierge Marie. […/…] En ce jour, c'est uniquement Marie compatissante au pied de la Croix que l'Eglise veut honorer. […/…]
Pour en bien comprendre l'objet, et pour rendre en ce jour à la Mère de Dieu et des hommes les devoirs qui lui sont dus, nous devons nous rappeler que Dieu a voulu, dans les desseins de sa souveraine sagesse, associer Marie, en toutes manières, à l'œuvre du salut du genre humain. Le mystère d'aujourd'hui présente une nouvelle application de cette loi merveilleuse qui nous révèle toute la grandeur du plan divin ; il nous montre une fois de plus le Seigneur brisant l'orgueil de Satan par le faible bras de la femme. Dans l'œuvre de notre salut, nous reconnaissons trois interventions de Marie, trois circonstances où elle est appelée à unir son action à celle de Dieu même. La première, dans l'Incarnation du Verbe, qui ne vient prendre chair dans son chaste sein qu'après qu'elle a donné son acquiescement par ce solennel Fiat qui sauve le monde ; la seconde, dans le sacrifice que Jésus-Christ accomplit sur le Calvaire, où elle assiste pour participer à l'offrande expiatrice ; la troisième, au jour de la Pentecôte, où elle reçoit l’Esprit-Saint, comme le reçurent les Apôtres, afin de pouvoir s'employer efficacement à l'établissement de l'Eglise. […/…] Le quarantième jour qui suivit la naissance de notre Emmanuel, nous accompagnâmes au temple l'heureuse mère portant son divin fils entre ses bras. Un vieillard vénérable attendait cet enfant, et le proclama « la lumière des nations et la gloire d'Israël ». Mais bientôt, se tournant vers la mère, nous l'entendîmes lui dire ces désolantes paroles : « Cet enfant sera aussi un signe de contradiction, et un glaive transpercera votre âme. » Cette annonce de douleurs pour la mère de Jésus nous fit comprendre que les joies innocentes du Temps de Noël avaient cessé, et que la carrière des amertumes était ouverte pour le fils et pour la mère. En effet, depuis la fuite nocturne en Egypte quelle a été la situation du fils, humilié, méconnu, persécuté, abreuve d'ingratitudes ? Quelle a été, par contre-coup, la continuelle inquiétude, la persévérante angoisse du cœur de la plus tendre des mères ? » Dom Guéranger, L'Année Liturgique.

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