Noël
"Voyez, je vous prie, comme il est pauvre ! Pauvreté d'asile, pauvreté de langes, pauvreté de nourriture : « Celui qui donne aux oiseaux leur pâture, est nourri d'un peu de lait. » (Hymne des Laudes de la Nativité). Il ne possède absolument rien. Pauvreté la plus abjecte. Presser avec beaucoup d'insistance cette considération : le voilà nu sur la terre à sa naissance, comme le raconte sainte Brigitte. (Révélations, VII, 21). Il a l'usage de la raison et une sagesse infinie ; il se laisse pourtant emmailloter, entourer de bandes, poser partout ou le veulent sa Mère ou son Père. Il pourrait marcher seul, et cependant il reste « dans la crèche ». (Lc II, 7, 16) Son silence est admirable ; car les autres enfants se taisent parce qu'ils ne savent pas parler ; lui, parce que ce n'est pas le temps de parler mais de se taire. Placé entre des animaux, il accueille avec douceur leur haleine et même leur stupidité. Du reste, ce sont des animaux qu'il aime, parce que l'un porte le joug, l'autre le fardeau. L'un est laborieux, l'autre chargé ; et Jésus dira : « Venez à moi vous tous qui travaillez et êtes chargés, et je vous soulagerai » (Mt XI, 28) Voyez la douceur de cet Enfant plus fort que Samson, il veut pourtant être emmailloté ; il se montre aimable au milieu d'animaux qui le sont si peu. Il me semble le voir fixer son doux regard sur sa très chère Mère, son Père, les bergers ; donner à sa Mère de suaves baisers, et puis, se nourrir de son lait. Voyez sa mortification : il fait bien froid à sa naissance ; il repose sur la paille, dans une grotte. Il pleure : « J'ai élevé la voix en pleurant, comme font les autres ». (Sag. VII, 3) La cause des pleurs des enfants, c'est premièrement une raison naturelle : ils sentent pour la première fois le froid, la lumière, un air nouveau après l'air tiède et le sommeil dans le sein maternel. Saint François de Sales, Sermon pour la veille de Noël, 24 décembre 1613. archives vies des saints accueil
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