Le Saint du Jour
10 août
Saint Laurent
(+ en 259)
Saint Laurent fut l’un des plus illustres martyrs de l’Église.
Ses vertus, son mérite, lui gagnèrent l’affection du Pape Sixte II, qui le
choisit comme son premier diacre.
L’an 258, le Pape fut arrêté et condamné à mort. Comme on le conduisait au
supplice, Laurent, son diacre, le suivait en pleurant : "Où allez-vous, mon
père, disait-il, sans votre fils ? Où allez-vous, saint Pontife, sans votre
diacre ? Jamais vous n’offriez le sacrifice sans que je vous servisse à l’autel.
En quoi ai-je eu le malheur de vous déplaire ?" Le saint Pape, ému, lui dit :
"Je ne vous abandonne point, mon fils ; une épreuve plus pénible et une victoire
plus glorieuse vous sont réservées; vous me suivrez dans trois jours." Puis il
lui ordonna de distribuer aux pauvres tous les trésors de l’Église, pour les
soustraire aux persécuteurs: mission que Laurent accomplit avec joie.
Le préfet de Rome, à cette nouvelle, fit venir Laurent et lui demanda où étaient
tous les trésors dont il avait la garde, car l’empereur en avait besoin pour
l’entretien de ses troupes : "J’avoue, lui répondit le diacre, que notre Église
est riche et que l’empereur n’a point de trésors aussi précieux qu’elle ; je
vous en ferai voir une bonne partie, donnez-moi seulement un peu de temps pour
tout disposer." Le préfet accorda trois jours de délai. Pendant ce temps,
Laurent parcourut toute la ville pour chercher les pauvres nourris aux dépens de
l’Église ; le troisième jour, il les réunit et les montra au préfet, en lui
disant : "Voilà les trésors que je vous ai promis. J’y ajoute les perles et les
pierres précieuses, ces vierges et ces veuves consacrées à Dieu ; l’Église n’a
point d’autres richesses. –Comment oses-tu me jouer, malheureux ? dit le préfet
; est-ce ainsi que tu outrages en moi le pouvoir impérial ?" Puis il le fit
déchirer à coups de fouets.
Laurent, après ce supplice, fut conduit en prison, où il guérit un aveugle et
convertit l’officier de ses gardes, nommé Hippolyte. Rappelé au tribunal, il fut
étendu sur un chevalet et torturé cruellement ; c’est alors qu’un soldat de la
garde, nommé Romain, vit un Ange essuyer le sang et la sueur du martyr : "Vos
tourments, dit Laurent au juge, sont pour moi une source de délices." Laurent
fut ensuite rôti à petit feu sur un gril de fer, et quand il eut un côté tout
brûlé : "Je suis assez rôti de ce côté, dit-il au juge en souriant ; faites-moi
rôtir de l’autre." Bientôt, les yeux au Ciel, il rendit l’âme.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours,
Mame, 1950. |