La Règle de Saint-Benoît
pour
tous les jours de l'année
4 décembre
53 - DE LA RÉCEPTION DES HOTES
Tous les hôtes qui se présentent seront reçus comme le Christ en
personne, si bien qu’il puisse nous dire un jour : "J’ai demandé
l’hospitalité, et vous m’avez accueilli." On aura pour tous les égards
qui s’imposent, mais on en témoignera principalement aux gens de la
maison de Dieu ainsi qu’aux voyageurs venus de loin.
Dès qu’on a connaissance de l’arrivée d’un hôte, le supérieur ou les
frères vont au devant de lui, afin de lui rendre tous les bons offices
de la charité. Au premier abord, on priera ensemble, de manière est se
trouver en communion dans la paix, le baiser de paix ne devant
s’échanger que si la prière, au préalable, a déjoué les "illusions
diaboliques." Pour saluer les hôtes, tant à l’arrivée qu’au départ, on
fera, en toute humilité, l’inclination de tête ou même la prostration
jusqu’à terre, adorant en eux le Christ, puisqu’en eux c’est le Christ
qu’on reçoit. Les hôtes accueillis au monastère sont donc invités
d’abord à la prière ; puis le supérieur, ou le frère désigné par lui,
prend place avec eux : on donne en leur présence lecture d’un passage de
la Loi divine propre à les édifier, après quoi on les traite avec toute
l’humanité possible. Le supérieur, s’il mange avec l’hôte peut rompre le
jeûne, sauf les jours de grand jeûne qui n’admettent point de dispense ;
mais les autres frères continuent à jeûner comme a l’accoutumée. L’abbé
donnera à laver aux hôtes ; pour le lavement des pieds, il le pratiquera
envers tous les hôtes, mais avec le concours de la communauté. Ce
qu’ayant fait, on dira le verset : "Suscepimus, Deus, misericordiam tuam
in medio templi tui."
On aura souci d’entourer des plus grandes attentions les pauvres et les
voyageurs : car l’hospitalité qu’on leur offre s’adresse plus
manifestement au Christ ; dans le cas des riches, la seule crainte de
leur déplaire leur garantit assez de déférence. |