« Une Pensée par Jour »
du Traité de l’Amour de Dieu
29 octobre
2010
« La sacrée Providence
détermina de produire tout le reste des choses, tant naturelles que
surnaturelles, en faveur du Sauveur ; afin que les anges et les hommes
pussent, en le servant, participer à sa gloire : en suite de quoi, bien
que Dieu voulût créer tant les anges que les hommes avec le franc
arbitre, libres d’une vraie liberté pour choisir le bien et le mal ; si
est-ce néanmoins que pour témoigner que de la part de la bonté divine
ils étaient dédiés au bien et à la gloire, elle les créa tous en justice
originelle, laquelle n’était autre chose qu’un amour très suave qui les
disposait, contournait et acheminait à la félicité éternelle.
Mais parce que cette suprême sagesse avait délibéré de tellement mêler
cet amour originel avec la volonté de ses créatures, que l’amour ne
forçât point la volonté, ainsi lui laissât sa liberté, il prévit qu’une
partie, mais la moindre de la nature angélique, quittant volontairement
le saint amour, perdrait par conséquent la gloire. Et parce que la
nature angélique ne pourrait faire ce péché que par une malice expresse
sans tentation ni motif quelconque qui le pût excuser, et que d’ailleurs
une beaucoup plus grande partie de cette même nature demeurerait ferme
au service du Sauveur, partant. Dieu, qui avait si amplement glorifié sa
miséricorde au dessein de la création des anges, voulut aussi magnifier
sa justice, et en la fureur de son indignation résolut d’abandonner pour
jamais cette triste et malheureuse troupe de perfides, qui en la furie
de leur rébellion l’avaient si vilainement abandonné. » |