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Le Mois du Sacré-Cœur avec Dom Guéranger
5 juin
« Quand il parut ici-bas, l’homme avait désappris l’amour,
en oubliant la vraie beauté. Son cœur de chair lui semblait une excuse,
et n’était plus qu’un chemin par où l’âme s’enfuyait des célestes
sommets à la région lointaine où le prodigue perd ses trésors (LUC. XV,
13). A ce monde matériel que l’âme de l’homme eût dû ramener vers son
Auteur, et qui la tenait captive au contraire sous le fardeau des sens,
l’Esprit-Saint préparait un levier merveilleux : fait de chair lui
aussi, le Cœur sacré, de ces limites extrêmes de la création, renvoie au
Père, en ses battements, l’ineffable expression d’un amour investi de la
dignité du Verbe lui-même. Luth mélodieux, vibrant sans interruption
sous le souffle de l’Esprit d’amour, il rassemble en lui les harmonies
des mondes ; corrigeant leurs défectuosités, suppléant leurs lacunes,
ramenant à l’unité les voix discordantes, il offre à la glorieuse
Trinité un délicieux concert. Aussi met-elle en lui ses complaisances.
C’est l’unique organum, ainsi l’appelait Gertrude la Grande (Legatus
divinae pietatis. Lib. II, c. 23; Lib. III, c. 25) ; c’est l’instrument
qui seul agrée au Dieu très-haut. Par lui devront passer les soupirs
enflammés des brûlants Séraphins, comme l’humble hommage de l’inerte
matière. Par lui seulement descendront sur le monde les célestes
faveurs. Il est, de l’homme à Dieu, l’échelle mystérieuse, le canal des
grâces, la voie montante et descendante. »
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