Pensée  du Jour

23 février 2009

 

Mais pour traiter à ce coup ici du jeûne et de ce qu'il est requis de faire pour bien jeûner, il faut savoir avant toute chose que de soi le jeûne n'est pas une vertu, car les bons et les mauvais, les Chrétiens et les païens l'observent. Les anciens philosophes le gardaient et le recommandaient : ce n'est pas qu'ils fussent vertueux pour cela, ni qu'ils pratiquassent une vertu en jeûnant, ô non, puisque le jeûne n'est vertu sinon en tant qu'il est accompagné des conditions qui le rendent agréable à Dieu; de là vient qu'il profite aux uns et non aux autres parce qu'il n'est pas fait également de tous. Nous voyons ceci ès gens du monde, lesquels pensent que pour bien jeûner le saint Carême, il ne faille sinon se garder de manger des viandes prohibées. Mais c'est une pensée trop grossière, car c'est à vous à qui je parle, et aux personnes dédiées à Notre-Seigneur. Celles-ci savent bien qu'il ne suffit pas de jeûner extérieurement si l'on ne jeûne intérieurement, et si l'on n'accompagne le jeûne du corps de celui de l'esprit.

Saint François de Sales,
Sermon pour le Mercredi des Cendres (9 février 1622).

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