La Pensée du Jour
30 mars 2004
Saint Rieul. Mardi après le Dimanche de la Passion. "Le phénomène essentiel de la vie est la nourriture. Tout être qui vit se nourrit, et il vit dans la mesure où il se nourrit. Toute nourriture est une transsubstantiation, la substance supérieure s'intégrant la substance inférieure pour en faire sa vie. La préparation de la nourriture, par la nature ou par l'art, a pour but de rapprocher les deux substances, afin de rendre possible la transsubstantiation. Plus un être est élevé dans la hiérarchie naturelle, plus la nourriture qui lui convient doit être préparée. A la vie de l'homme, le plus haut des êtres terrestres, il faut le pain et le vin, ce qu'il y a sur terre de plus mystérieusement élaboré. La vie propre de l'esprit s'entretient par une nourriture appropriée, une nourriture spirituelle : les pensées et les sentiments que le frottement de la tradition et le contact des hommes de génie ont travaillés, décantés et comme soumis à des distillations successives. La vie surnaturelle exige une nourriture de son ordre. L'Eucharistie se trouve ainsi au sommet d'une série biologique pour ainsi dire naturelle et à la cime du mystère de là vie. La transsubstantiation eucharistique met Dieu, pour ainsi dire, au niveau de notre âme, à sa portée, nourriture qui entretient notre vie surnaturelle, et par une dernière transsubstantiation lentement, la substance supérieure s'intégrant l'inférieure, nous « divinise ». Tous ces mots sont de pauvres mots ; mais tels qu'ils sont, ils suggèrent le mystère d'amour qu'est la nourriture universelle, la transsubstantiation universelle et continue, rythme de la vie de l'univers. Ego sum panis vivus, qui manducat me vivet propter me. Je suis le pain vivant, qui me mange vit par moi. On se plaint à, tort de l'infirmité de notre langue, qui n'a qu'un mot pour dire: j'aime Dieu, j'aime le pain. Dieu et le pain sont notre nourriture. La transsubstantiation est la consommation de l'amour et toute nourriture est transsubstantiation. J'aime Dieu et j'aime le pain."
Mgr J. Calvet, |