La Pensée du Jour
vendredi 21 décembre 2001
" Achevez votre ouvrage, ô divin Sauveur ; mettez la dernière main au salut des hommes par votre crèche, par votre étable, par votre misère, par votre indigence. Le Fils de Dieu, en se faisant homme et en nous rendant la liberté d’approcher de Dieu, nous montrait où il fallait tendre ; en se soumettant aux faiblesses de la nature, il nous confirmait tout ensemble et la vérité de sa chair et la grandeur de nos espérances. Maintenant, pour accomplir son ouvrage, il faut qu’il éloigne tous les obstacles qui nous empêchent de parvenir à la fin qu’il nous a proposée ; c’est ce qu’il fait admirablement par sa crèche, et vous le pouvez aisément comprendre, si vous suivez ce raisonnement facile. Ce qui nous empêche d’aller au souverain bien, c’est l’illusion des biens apparents ; c’est la folle et ridicule créance qui s’est répandue dans tous les esprits que tout le bonheur de la vie consiste dans ces biens externes que nous appelons les honneurs, les richesses et les plaisirs. Étrange et pitoyable ignorance ! […/…] Le Fils de Dieu les méprise : quel crime de leur donner notre amour ! Est-il rien de plus nécessaire que d’en détacher nos affections ? Et c’est pourquoi Tertullien dit que nous devons y renoncer par obligation de notre baptême : Et hoc vobis signum ; c’est la crèche, c’est la misère, c’est la pauvreté de ce Dieu enfant, qui nous montre qu’il n’est rien de plus méprisable que ce que les hommes admirent si fort. "
Bossuet,
Sermon pour le jour de Noël.